L’Université vue de l’Assemblée

On peut se demander pourquoi l’Institut de formation et d’études législatives tentait, ces jours derniers, d’apprendre à nos députés la manière de rédiger des projets de loi, vu qu’ils n’en ont jamais eu l’initiative, depuis de longues années. C’est vrai que le stage prévoyait l’initiation à la rédaction d’amendements, exercice un peu plus courant dans notre Assemblée.

Pendant qu’ils apprenaient à composer des textes juridiques, le gouvernement n’a pas trouvé mieux de leur proposer de réfléchir et de finaliser une loi d’orientation sur l’enseignement supérieur.

On ignore si seuls les universitaires parmi nos représentants étaient invités à s’exprimer sur la question, mais l’on constatait, hier, à la lecture des chroniques parlementaires que nos députés étaient particulièrement mécontents du système LMD. D’ailleurs, combien d’universitaires compte l’APN ?

Toujours que certains d’entre eux ont rejeté le cursus licence-maîtrise-doctorat avec un aplomb qui rassure sur leur compétence. C’est peut-être parce que certains d’entre eux sont des “immortels” en termes de réélection qu’ils ont cet aplomb d’académiciens.
Les élus ont trouvé que les professeurs ne sont pas formés pour assurer un enseignement compatible avec le système en question et que ce système a échoué en Europe. Pauvre Sorbonne, pauvre Harvard !

Ils ne disent pas s’ils comptent en proposer un plus efficace. Mais, nos députés ne proposent pas ; ils amendent.
Ils ont peur que les LMD “produisent des chômeurs”, disent-ils. Mais tout produit des chômeurs ! Hormis le trabendo et la politique qui n’exigent pas de diplômes, aucune formation ne garantit l’emploi. Cette inadéquation est une question de programmation nationale, de système politique.

Pendant ce temps, les universités algériennes sont en ébullition. Non pas à cause du LMD ; les pauvres étudiants n’en sont pas là : ils ont des problèmes de bouffe, d’hébergement et… de sécurité. À Boumerdès, l’un d’eux a été poignardé dans sa chambre ; à Tizi Ouzou, des “extra-universitaires” terrorisent le campus ; partout, les cités universitaires sont surpeuplées, insuffisantes ou insalubres.

La panne d’imagination en matière d’œuvres sociales est grave dans le ridicule tarif officiel du prix du repas universitaire qui n’a pas changé depuis un demi-siècle : un dinar et vingt centimes. Une boîte d’allumettes coûte deux fois et demie plus cher ! Et pourquoi ce tarif fossilisé ? Pour pouvoir figer la bourse de l’étudiant qui, aujourd’hui, doit vivre avec trente dinars par jour !

À Béjaïa, les universitaires crient leur ras-le-bol contre cette misère sociale estudiantine depuis la rentrée et ne croisent que la placide indifférence des autorités. La colère s’exprime de manière moins manifeste un peu partout dans les campus. Mais un député n’a pas trouvé mieux que de détourner la colère pour la traduire en rejet du système LMD. N’étant pas aussi lents à réagir que les députés, les étudiants l’auraient fait savoir depuis longtemps, si tel était leur problème.

Finalement, les députés en sont venus aux choses sérieuses. Sous le couvert de protection du programme officiel, ils mettent en garde contre les écoles étrangères : l’angoisse de l’ouverture !

Mieux vaut une médiocrité à huis clos que la mise à nu de la concurrence.

Mustapha Hammouche

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It