Vendredi 13 avril 2007

Vendredi. Temps pluvieux. Tout est préparé depuis déjà quelques mois. Djamel va se marier. Lui qui ne s’était jamais imaginé époux à l’âge de 26 ans tant que la situation de sa famille n’était pas très commode. Mais le sort en a décidé autrement. Il eut il y a deux ans de ça sa Greencard.

La loterie américaine a fait beaucoup de chanceux. La loterie américaine a arraché beaucoup de fils à leurs familles. Comme tout nord-africain, Djamel était épris pas spécialement du American Dream, mais de toute chance de sortir de son pays. Technicien Supérieur en informatique avec quelques maîgres potions d’expérience dans des chantiers, des boites de communication, et surtout de grandes potions de chômages épicées par un dégoût et une révolte éternelle.

Après être gagnant à la loterie, tout se dissipe. Il commence à aimer se pays, sa famille qu’il a toujours détesté, son hameau gris et compromettant, cet olivier qui l’abritait lorsque le soleil écrasait son âme, ses amis aux regards lointains et antipathiques. Il commence enfin à aimer. Parce que loin d’eux il sera. Il continuera à les aimer mais de loin. De près, il ne pouvait pas les aimer. Ils sont envahissants.

Contrairement à beaucoup de jeunes, lui il a décidé de se marier avec sa copine Ingénieur quant à elle. L’American Dream n’a pas eu raison de leur amour. Deux êtres sauvés disent les gens qui étaient partagés entre envieux et heureux. La maman cachait ses larmes en roulant le couscous. Le couscous du départ.

Probablement le dernier couscous que son fils mangera. « Mais arrête de pleurer ! Il va revenir, ne t’inquiète ! dit le père à qui la séparation n’était pas très contraignante. « Tu as aimé sa situation ici ? commentèrent les frères et sœurs.

Les noces passèrent. La fête était deux fêtes. La fête était un arrachement. Et Djamel et son épouse partiront à la conquête des USA. New life. Nouveaux horizons. Un dernier regard au village, aux oliviers, aux figuiers, à thala, à l’école misérable du village, au sentier mille fois pratiqué qui semble inchangé et inchangeable, aux expressions des gens transis, aux paysage imprégné dans son âme…un ultime regard avant la traversée. Une larme de regret. Un sourire de résolution. Tourner le dos au passé-mort. Accueillir la nouvelle vie qui l’accueille à son tour.

Noufèl

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