LE DESTIN TRAGIQUE DE L’HOMME À QUI ON A ORDONNÉ DE MOURIR 3 JOURS !
Dernière minute ! Sarkozy s’est enfin décidé à demander pardon…
… aux harkis et pieds-noirs qu’il doit rencontrer dès son retour en France
Le monsieur doit vivre l’enfer depuis plus de 48 heures. Il a été littéralement avalé par un trou noir. Du devant de la scène qu’il a occupé l’instant d’une interview et l’autre instant, celui des réactions à cette interview, on ne l’a plus revu. Phénomène surnaturel ? Un nouveau cas à élucider par l’équipe de Cold Case ? Un dossier dont devrait se saisir SOS Disparus ?
Où qu’il soit et dans quelque Etat qu’il se trouve, j’imagine le poids de la détresse de cet homme. Car sous la carapace d’ancien combattant chargé du maroquin des frères d’armes réels ou trafiqués, il y a un homme. Un homme à qui l’on vient d’ordonner de DISPARAITRE !
Cela doit faire bizarre de s’entendre dire : « 3 jours durant, je ne veux pas te voir ! » D’autant plus que cet ordre claquant comme une culasse a dû être accompagné d’une feuille de route stricte à respecter : ne pas s’approcher à moins de 100 kilomètres de l’aéroport international Houari- Boumediene. Eviter les ruines de Tipaza.
Oublier de faire escale, même par erreur, dans la bonne ville de Constantine. Faire un détour de 200 kilomètres pour ne pas passer devant Djenane-Al-Mithak ou la résidence d’Etat de Zeralda. Ne même pas imaginer un seul instant participer à une séance de projection-débat de film au CCF. Bannir le marché d’Air-de- France pour faire ses courses.
Ne surtout pas emprunter la rue Anatole-France. Evacuer de son esprit l’idée même d’aller se faire établir un visa au consulat de France. Ne surtout pas conduire de voiture française durant ces 72 heures. Eviter tout recueillement sur le moindre carré de martyrs à travers tout le pays.
Ne pas faire allusion en public — ni en privé — à des événements qui se seraient déroulés un certain 1er novembre 1954. Ne retenir de la journée du 5 juillet 1962 qu’un bulletin météo publié dans El Moudjahid de l’époque et qui annonçait «journée belle, nuages dissipés, mer calme et soleil radieux». Voilà résumé de manière succincte et surtout pas exhaustive le quotidien d’un paria en exil intérieur chez lui, d’un homme qui n’est pas mort et à qui ils viennent d’ordonner de faire le mort 3 jours durant. Brrrrrr ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
Hakim Laâlam