Proche-Orient, une rencontre de plus ?

Le sommet d’Annapolis dans le Maryland (USA) s’est certes conclu par une déclaration commune, assez vague par ailleurs, entre Israéliens et Palestiniens pour conclure la paix avant la fin 2008. Mais, il est à craindre que ce sommet ne connaisse le même sort que les précédentes rencontres entre Palestiniens et Israéliens.

De la Conférence de Madrid d’octobre 1991, d’Oslo en 1993, du sommet de Washington en 1995, de Wye Plantation en 1998, Camp David en 2000 à Charm el-Sheikh en 2005 en passant par Taba (2001) et Aqaba (2003), soit plus de 15 ans de discussions, aucune avancée notable vers la paix n’a été constatée. La situation s’est même dégradée. La colonisation des territoires palestiniens s’est poursuivie et Jérusalem est de fait coupé par une ceinture de colonies de peuplement et le fameux mur de séparation du reste de la Cisjordanie. Et si Ghaza a été évacuée, sans négociations avec les Palestiniens sur les modalités de transfert des colonies existantes, c’est parce qu’il n’est d’aucune utilité pour Israël.

Au sommet d’Annapolis convoqué par le président George Bush, auquel assistent tous les pays arabes, y compris l’Arabie saoudite et la Syrie, l’Autorité palestinienne et Israël, le dîner offert par le président américain, l’ambiance apparemment conviviale qui y a régné, avaient quelque chose de saugrenu quand on sait qu’un peuple, sans Etat, sans territoire, sous occupation militaire, n’a pas son mot à dire quant à son propre avenir. Contrairement au Kosovo, où après que les Serbes eurent été chassés par l’Otan, les albanophones après avoir élu leurs représentants, vont sans doute accéder à l’indépendance grâce à cet Occident qui s’est montré généreux.

Au Darfour, ce même Occident va déployer des forces militaires au Tchad à proximité de la frontière soudanaise, sans doute là aussi pour intervenir le cas échéant sous prétexte d’assurer la protection des populations locales et, partant, casser l’unité territoriale soudanaise. Ces deux exemples, et on pourrait en citer d’autres, montrent que lorsque les intérêts de l’Occident capitaliste sont en jeu, il n’hésite pas à faire les pressions voulues pour imposer son ordre social, au nom, bien sûr, de la liberté !

Au sommet d’Annapolis, ces principes ont été mis entre parenthèses. Au menu des discussions, il n’a été question ni des frontières du futur Etat palestinien, ni du retour des réfugiés et de leur statut, ni de Jérusalem mais de la mise en place d’un calendrier de négociations. Autrement dit, c’est reparti pour des discussions interminables et pendant ce temps la colonisation des terres palestiniennes ainsi que la poursuite de la construction du mur de séparation – il reste quelques dizaines de km à terminer – se poursuivront.

Quant au fameux plan arabe adopté au sommet de Riyadh – la paix en échange des territoires et une normalisation avec Israël – qui aurait pu constituer une base de discussions pour un règlement définitif de la crise israélo-arabe, il est de fait mis au placard. Qui plus est, que ce soit côté palestinien, israélien ou du côté américain, nous sommes en présence de trois hommes qui ne sont pas en mesure de peser sur le cours des négociations.

George Bush n’est pas en position de force : du fait de la guerre en Irak, sa cote de popularité est au plus bas. Ehud Olmert est dans le même cas. Sous pression de sa droite extrême, il est contraint de ne pas trop lâcher s’il veut rester chef du gouvernement. Mahmoud Abbas, qui ne contrôle plus la situation à Ghaza, se présente également avec un handicap sérieux : il ne peut faire trop de concessions sans voir la Cisjordanie basculer sous la coupe du Hamas.

Quant aux pays arabes, dont la plupart sont dirigés par des pouvoirs autoritaires, privant leurs peuples du minimum de liberté, contestés par une opposition surtout de type islamiste, ils sont mal placés pour faire la leçon à un Occident auquel ils sont à des degrés divers inféodés. Et à moins d’un rebondissement salutaire, ce n’est pas demain que les Palestiniens verront leur horizon s’éclaircir.

Hassane Zerrouky

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