Les urnes de l’incertitude

La Kabylie se présente aujourd’hui aux élections locales dans une configuration politique inédite. La première donne est sans doute l’entrée en compétition en même temps-situation jamais évidente depuis 1990- du RCD et du FFS qui se sont souvent relayés dans l’alternance au boycott ou la participation.

On ne sait pas si ces deux partis en pleine tempête organique vont, comme c’est le cas souvent, encore trouver des ressources pour rebondir, ou alors ils feront les frais du nouvel état d’esprit qui s’installe dans la région. La grande interrogation concerne bien sûr le taux de participation.

C’est d’abord sur ce terrain-là que se mesurera l’audience du FFS qui a brandi la très faible affluence aux bureaux de vote des législatives passées comme un trophée et du RCD qui a toujours clamé qu’une forte participation était pour son courant un gage de succès. Ils sont tous les deux loin de l’évidence, mais nous ne perdons rien à attendre. L’évidence est que la désaffection pour la chose électorale est une donnée générale dans le pays qui ne peut pas épargner la Kabylie.

Et quand on connaît l’audience du FFS en dehors de la région, il n’est pas difficile d’apprécier la démesure des prétentions nationales de ce parti. Quant au RCD, il suffit de rappeler que l’unique fois où il a rivalisé avec son voisin d’en face dans les locales a été précisément dans des conditions de participation très faible.

Autre nouveauté, les deux partis développent désormais le même discours d’opposition radicale, ce qui ne manquera pas de désarçonner l’électorat le plus large dont le choix a toujours été déterminé par l’orientation politique de l’un et de l’autre plus que par leurs propositions programmatiques.

Quand on sait que les deux partis ont géré la quasi totalité des communes dont ils n’ont pas fait des exemples de vertu et de développement, la question n’est pas de trop : auront-ils cette fois encore la confiance des électeurs ? De plus en plus délesté de ses complexes, le FLN se comporte désormais comme un parti politique à part entière.

S’il traîne toujours les lourds boulets de ses clientèles locales, il reste capable de surprendre- il l’a déjà fait par endroits lors des partielles passées- surtout que cette fois, il a démontré qu’il était capable de susciter des candidatures crédibles et en dehors de ses relais traditionnels. Le contentieux est encore trop lourd et le réflexe d’aller glisser un bulletin FLN dans l’urne improbable, mais ce parti va sûrement grignoter. Peut-être plus que ce qu’on imagine. Le RND avance doucement.

Les boulets moins encombrants et les disponibilités locales plus franches. Des cadres jusque-là sans fil à la patte s’y sont investis et des démocrates désillusionnés y ont trouvé l’ultime refuge. Avec toutes ces donnes, il sera difficile d’imaginer qu’un parti puisse sortir du lot.

S’il faut quand même attendre ce soir, la grande question est toujours la même : quelque chose va-t-il changer dans la région ?

Slimane Laouari

Du coq à l’âne : Rabah Saadane pense que « la sélection nationale a fait un bon parcours lors des éliminatoires de la Coupe d’Afrique ». Qu’est-ce qu’il est venu faire, alors ?

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