L’amazighité interdite d’internet
Au centre du dispositif électoral, le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales vient de lancer un site Internet dédié au scrutin du 17 mai.
L’ambition est de « renseigner de manière très détaillée sur l’ensemble du dispositif législatif et réglementaire régissant les élections dans notre pays, d’une manière générale, et les prochaines législatives en particulier. » Heureuse initiative ; mais de nouveau encore il y a un mais.
Ce droit à l’information à forte valeur technologique ajoutée et de base sur les rouages et dispositions du droit de vote n’est décliné qu’en français et en arabe. Constitutionnellement reconnue, la langue amazigh n’est elle donc soluble en deuxième langue nationale que pour la parade du folklore d’Alger capitale de la culture arabe ?
Exclue de la télévision, mise en niche d’expression à travers la radio, la langue des ancêtres - et probablement aussi langue d’aspiration à singularisation, comme ailleurs sur la planète, face au rouleau compresseur de la mondialisation – est tout simplement interdite d’accès même modeste, en infime piste, dans la Toile.
Que cette exclusion vienne une fois de plus d’un ministère de souveraineté - et à la pointe de la défense de l’unité nationale -, avec autant de naturel renseigne sur la pérennisation des vieux réflexes y compris dans l’usage des outils de communication les plus révolutionnaires. La diversité des langues et cultures en Algérie est toujours perçue en syndrome de division. De là à ce que dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale résonne aussi la langue Amazighe pour rendre compte du florilège des régions d’Algérie, il y a, veulent nous faire croire nos gouvernants, des années lumière que même l’Internet ne permet pas d’économiser pour avancer vers les droits humains.
Belkacem Mostefaoui