L’étrange silence
Que se passe-t-il dans la tête du président de la République ? Alors que de nombreux chefs d’Etat du monde entier et le Conseil de sécurité des Nations unies ont condamné officiellement et publiquement les attentats d’Alger, M. Abdelaziz Bouteflika observe un silence total.
Est-il gêné quelque part parce que ce crime horrible est son propre échec avec sa « charte sur la paix et la réconciliation nationale » ? Est-il insensible à la douleur du peuple algérien ? Le citoyen attend de lui au moins des messages de condoléances aux familles de ces nouvelles victimes islamistes. Après l’attentat du Bd Amirouche contre le commissariat central le 30 janvier 1995, le président Liamine Zeroual s’était rendu à l’hôpital Mustapha pour réconforter les blessés et les assurer de son soutien.
Un geste tout à fait normal pour un chef d’Etat. Malheureusement, le président Bouteflika semble avoir une relation tout autre avec les Algériens. On l’a vu après les inondations de Bab El Oued. Il ne s’était rendu sur les lieux que trois jours après. Ou encore le crash de l’avion d’Air Algérie à Tamanrasset. A l’aéroport d’Alger, il était passé juste à côté d’une tente où se trouvaient les familles des victimes. Il n’a pas daigné s’arrêter un seul instant pour leur transmettre ses sympathies.
Même si l’attentat contre le Palais du gouvernement et le commissariat souligne l’unanimité de sa politique de la main tendue à l’islamisme, cela ne justifie en rien son comportement devant la tragédie vécue mercredi. Sans lui demander un quelconque aveu d’échec, il aurait pu au moins faire preuve de compassion. Et il ne se trouve personne pour lui demander des comptes.
Il est vrai qu’il a réussi à transformer l’assemblée nationale et le sénat en chambres d’enregistrement avec une grande souplesse d’échine. Il n’a donc rien à craindre de ce côté-ci. L’idée que le pays est mal gouverné ou pas gouverné du tout va s’incruster davantage chez les Algériens qui se sentent déjà abandonnés à leur sort par des gouvernants qui naviguent à vue. L’Algérie est-elle si mal aimée pour subir un tel sort ?
Tayeb Belghiche