Déblayages au cœur des droits de l’Homme

On pensait la mission de défense des droits de l’Homme d’une telle hauteur intellectuelle et humaine qu’elle échapperait aisément aux contingences organiques et aux guéguerres de leadership, apanage peu glorieux des partis politiques où les idées sont souvent sacrifiées sur l’autel des ambitions et des carrières. On savait vaguement que les plus nobles entreprises ne sont pas à l’abri des penchants et des péchés mignons personnels, mais la noblesse de la vocation valait bien une illusion.

Défendre et promouvoir les droits de l’Homme (dixit Hocine Zehouane) est un sacerdoce et il serait vraiment malvenu de prêter à ceux qui s’y investissent quelque dessein en dehors de celui qui motive leur engagement. Et c’est d’autant plus malvenu que l’engagement dans cette noble mission s’est souvent fait dans la douleur par des femmes et des hommes qui ont bravé les interdits d’un pouvoir autoritaire, l’ont parfois parfois payé très cher et ont rarement trouvé les soutiens qu’ils étaient en droit d’attendre de la société. Ali Yahia Abdennour, homme lige de ce combat, en sait quelque chose.

D’en avoir souffert dans sa chair, de n’avoir pas toujours été compris même par les plus proches et aujourd’hui d’avoir à affronter en un combat douteux d’autres militants avec qui il partage l’essentiel. Hocine Zehouane, lui, s’il a été plus discret, a un parcours d’homme qui le met, surtout à l’automne de sa vie, au-dessus des petits soupçons. Il lui reste, certes, quelques aigreurs politiques qui ne travaillent pas toujours pour lui et des sympathies partisanes parfois encombrantes, mais sa hauteur intellectuelle lui permet encore de les dépasser au besoin.

L’itinéraire des deux hommes est bien sûr différent, même s’ils ont partagé le barreau et une idée. L’espace commun qu’ils ont eu à investir ensemble ces dernières années est difficilement imaginable comme enjeu et pour preuve, le remarquable état d’esprit qui a présidé à la succession. Complices- au sens le plus noble du terme, ils ont voulu donner les meilleures chances de rayonnement à une ligue guettée par l’essoufflement. Abdennour Ali Yahia, physiquement diminué, pouvait encore donner en devenant l’autorité morale que personne n’oserait lui contester.

Hocine Zehouane qui dispose encore de remarquables ressources de dynamisme, était naturellement le meneur d’hommes et le catalyseur des actions pour une organisation qui a encore d’immenses chantiers à investir. Mais voilà. Nous avions tort de mettre les droits de l’Homme à l’abri des petites guéguerres et plus illustres incarnations au dessus de la mêlée.

Il est encore question de conseil national représentatif ou fantoche, de congrès statutaire ou cousu de fil blanc, de serrures remplacées et de code d’accès informatique trituré. Les droits de l’Homme peuvent largement se passer de si tristes déblayages et ceux qui y croient encore ne méritent pas une si grosse désillusion, à commencer par Ali Yahia et Zehouane.

Slimane Laouari

Du coq à l’âne : Hier, j’ai reçu un message émouvant de sympathie signé “les Kabyles du Japon”. Tellement sympathique qu’ils méritent cette publicité gratuite. Ils tiennent un somptueux bistrot à Tokyo dont ils m’ont fait parvenir des photos et ça s’appelle « Le Café de Paris », si jamais vous êtes de passage au pays du Soleil Levant.

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