Le secret des 100 commerces
Vous ne connaissiez pas le secret des 100 commerces par commune, cette formule magique devenue dans la bouche des ministres et de leurs chefs la nouvelle ambition algérienne, plus exaltante que la création technologique, que la recherche et la découverte scientifique, que les exploits olympiques, que l’exploration de l’espace ou, plus simplement, se faire aimer des son aimé (e), voyager dans les pays lointains et attirants, s’inviter dans la plus belle ville du monde, visiter les pyramides d’Egypte, l’Alhambra ou Cordoue, la tour penchée de Pise, la mosquée des Omeyyades à Damas ou les fabuleux sites précolombiens au Mexique ? Le professeur H. Aberkane vient de m’en dévoiler le secret ! Lisez une partie de son message.
«Lecteur attentif des chroniques du journal, je voudrais te dire que l’idée des “cent locaux par commune”, née au Khroub à l’initiative de l’APC, et (mal) généralisée en 2002, entrait dans le cadre du projet d’une Ville-Santé. A côté d’autres aspects visant à créer “un environnement favorable à la santé” (un centre de santé communautaire, un centre culturel, les études du soir pour les enfants, les espaces verts, la priorité au chauffage et aux cantines scolaires, une rénovation des espaces sportifs, la relance du cinéma), le projet de “pépinières de microentreprises” a été décidé et financé entièrement par la commune.
Un cahier des charges très précis prévoyait que les jeunes diplômés qui seraient bénéficiaires de cet accompagnement au démarrage, et à l’autonomie, s’obligeaient à constituer des équipes comprenant toujours des filles et des handicapés. L’idée de départ, concrétisée en 2001, avec trois centres de microentreprises maintenant (140 locaux) n’a pas été suivie avec l’attention et le soutien intelligents suffisants, mais cela ne condamne pas pour autant les initiatives qui peuvent inventer une contribution des cellules de base et de proximité à la stabilité sociale et à l’espoir des jeunes…»
Le professeur Aberkane oublie de dire qu’il était le maire de cette ville d’El-Khroub. Pour le garder, les habitants ont manifesté contre sa nomination de ministre. Il n’est pas seulement un prof au mérite reconnu. Il fut aussi le premier recteur de l’université de Annaba, le maire atypique de la ville d’El- Khroub, un passionné de foot au regard innovant sur ce sport et ses fonctions sociales. Il est un intellectuel qui a toujours pensé l’école, le sport, la santé dans leurs dimensions et leurs fonctions sociales. Alors, à l’origine, l’idée des 100 commerces provenait d’une philosophie et d’une vision de la vie en cité, poursuivait des buts de solidarité, de convivialité, de mieux-être social et d’utilité publique.
Ce pouvoir, avec le niveau culturel que vous lui devinez, ne pouvait voir les bases ni les buts de cette idée. Il en a fait une recette, la même, applicable partout de la même façon, surtout sans projection sociale élaborée avec les citoyens et les usagers de la ville. Bref, il en a fait un élément du menu dans le fast-food de la politique qu’il prend pour du génie de la manigance et de la manipulation. Relisez la citation d’Aberkane : elle en vaut le coup !
MOHAMED BOUHAMIDI