Ambitions
Mais c’est peut-être faire injure aux ambitions politiques et insulter l’avenir d’un commis de l’État qui n’a jamais caché sa détermination à un “retour aux affaires”, que de confiner cette sortie médiatique de Ahmed Ouyahia, dans le strict registre des “états d’âme” qui se nourrissent du dépit.
On pouvait soupçonner Ahmed Ouyahia de vouloir solder certains comptes avec cet air de dire que “le temps a fini par lui donner raison”. Avec Abdelatif Benachenhou, par exemple, auquel il n’a finalement trouvé aucune circonstance atténuante, dans le prolongement de la fameuse directive du 8 août 2004 interdisant aux entreprises et offices publics de déposer des fonds dans les banques privées.
Pourquoi pas aussi, avec l’actuel Chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem qui avait pris, sur certains dossiers sensibles, comme celui de l’augmentation des salaires, le contre-pied d’une politique économique sans concessions, ayant fini par faire l’unanimité contre elle. Mais c’est peut-être faire injure aux ambitions politiques et insulter l’avenir d’un commis de l’État qui n’a jamais caché sa détermination à un “retour aux affaires”, que de confiner cette sortie médiatique de Ahmed Ouyahia, dans le strict registre des “états d’âme” qui se nourrissent du dépit.
D’autant moins qu’on reconnaît surtout à l’ex-Chef du gouvernement, dans la conduite des affaires publiques, ce pragmatisme “froid et calculateur” lui ayant valu nombre d’inimitiés. Inimitiés qui ne l’empêchent pas, cependant, de faire valoir aujourd’hui fort opportunément ce pragmatisme qu’il soumet aujourd’hui à l’étalonnage des “ratées” de l’exercice de l’équipe de Abdelaziz Belkhadem.
Et dans cette veine, on n’est pas tout à fait loin d’un repositionnement qui convoque avec nostalgie la justesse réelle ou supposée de décisions impopulaires. Autant dire que le chef de la deuxième force politique se “replace” à la faveur d’une conjoncture désormais grosse de toutes les incertitudes. Égal à lui-même, Ouyahia s’accorde toujours volontiers le beau rôle. Et ce n’est sûrement pas par souci de donner son point de vue sur la situation politique, économique et sociale actuelle du pays qu’il tente aujourd’hui d’administrer la preuve que les affaires publiques doivent être gérées autrement.
Zahir Benmostepha