LES VOIES DU SEIGNEUR SONT IMPÉNÉTRABLES !
L’Algérie est décidée à investir dans la technologie spatiale.
Encore de l’argent…
…jeté en l’air !
C’est tout simplement effarant ! De quoi parle-t-on ces dernières heures, et pratiquement que de cela ? Des tribulations autour du projet de la méga-mosquée Abdekka. On sait tout de l’affaire. Ou presque. L’enveloppe financière gigantesque. L’empressement des soumissionnaires que l’on présente sous les traits de loups aux babines dégoulinantes de sang et de bave mélangés. Du courroux des architectes algériens réunis en ordre ou carrément en désordre.
De la colère écrite des riverains en phase d’expropriation. Des maquettes qui auraient fortement déplu au président. De ce minaret d’où l’on pourra observer la splendeur de la Méditerranée, malheureusement agitée de temps à autre par des vagues de coquilles pleines de harragas. De la couleur du marbre du parvis, forcément différente de celle du granit qui sera posé à l’intérieur. Du nombre astronomique de vasques prévues pour les ablutions. Du système d’arrosage informatisé des espaces verts.
Et même de la vitesse hallucinante de l’ascenseur censé mener le muezzin vers les hauteurs vertigineuses du minaret en 9 secondes 87, chrono en main. Tout ! Absolument tout. Le chef de l’Etat a décidé de se construire une mosquée, et il veut le faire entendre partout. Par épisodes. Par feuilletons. Rien ne nous est épargné. Au point où, depuis deux jours et une chiée de photos sur le sujet, j’en viens à me demander s’il y a une autre actualité dans le pays.
Abdekka a beau expédier le sort et l’avenir de la jeunesse algérienne dans un discours aux walis de 11 minutes au Palais des nations, l’important étant que l’on parle de la méga-mosquée. Les voix et appuis aux prochaines élections locales s’achètent à prix d’or au vu et au su de tout le monde, l’important étant la médiatisation de la nouvelle grande mosquée d’Alger.
Des fils de hauts responsables en poste sont soustraits à la justice et exfiltrés par tapis volants, l’important étant le suivi quotidien et bruyant du chantier du siècle. Dans des procès publics, l’annonce, tout aussi publique, des montants détournés dans deux agences seulement de la BNA montre clairement que ce pactole-là est largement supérieur à tout ce qui a été présenté comme argent détourné dans l’affaire Khalifa, l’escroquerie du siècle, paraît-il, qu’importe cette anomalie et toutes les autres anomalies !
Parlons mosquée, parlons minarets, parlons architecture, parlons maquettes, lustres et candélabres, et pour le reste, nous pourrons toujours fumer du thé pour rester éveillés à ce cauchemar qui continue.
Hakim Laâlam