Dz in et dz out
D’habitude, ce sont les pauvres qui partent les premiers. Pour d’évidentes raisons économiques, ils ouvrent à la pelleteuse les voies de l’émigration, légale ou illégale et défrichent à la machette les nouveaux horizons. D’habitude aussi, à l’inverse, les cadres du service public sont globalement bien payés, relativement bien nourris, et envisagent plus rarement le départ vers d’autres espaces incertains où l’Etat n’est pas là pour assurer les fins de mois.
Même si tout est faussé puisque les riches aussi veulent partir, deux événements récents ont perturbé ce rapport particulier des Algériens à l’Algérie. D’abord ces Tunisiens, avec femmes et enfants, plus de 200 selon la presse et les organisateurs, à peine 20 selon la police, qui sont rentrés en force en Algérie pour demander à y vivre. Arborant drapeaux algériens et scandant des slogans favorables au président Bouteflika, ils ont été poliment reconduits à la frontière, et d’Alger, on n’ose imaginer l’accueil chaleureux que leur réserve le président Benali.
L’autre événement est différent. C’est un cadre de la wilaya de M’sila qui envoie une lettre au ministère des Affaires étrangères pour demander un avis favorable afin d’obtenir la nationalité israélienne. Comme il le dit lui-même, si le ministère ne répond pas au bout d’un mois, c’est qu’il n’y a pas d’objection et qu’il peut donc devenir Israélien.
Ces deux événements qui se sont produits presque en même temps ont permis de relativiser le niveau de développement national et de revoir l’étrange couple amour-haine du pays. On peut même conclure provisoirement que si l’on est pauvre et Tunisien, il vaut mieux vivre en Algérie.
Si l’on est moyennement riche et Algérien, il vaut mieux vivre en Israël. D’accord, mais si l’on est pauvre et Algérien, où vivre ? Les harraga ont déjà répondu à la question. On attend la réponse des gardes-côtes.
Chawki Amari