Citoyens-bulletins de vote

A la veille des élections locales de novembre prochain, les élus locaux se sont réveillés subitement de leur imperturbable et long sommeil pour ouvrir avec un activisme débordant des chantiers et réceptionner dans des délais records des projets sociaux dans leurs communes. Revêtement total des grandes avenues qui traversent les communes, même lorsque celles-ci ne demandaient que des interventions éparses pour combler les nids de poules surgis ça et là, réfection de l’éclairage public, mobilisation d’une escouade d’agents de nettoiement qui ont refait leur apparition dans les artères de nos communes, distribution à titre gracieux de poubelles pour les habitants, aménagement de ronds-points et d’espaces verts, d’aires de loisirs pour jeunes… Les équipements publics ont subi soit des rénovations, soit des extensions quand il ne s’agit pas carrément de nouvelles réalisations fraîchement réceptionnées. C’est à se demander si ces projets, petits et grands, sont budgétisés et inscrits dans les programmes de réalisation des communes ou s’il s’agit d’opérations dictées par l’urgence et par des considérations purement électoralistes ? A mille lieux de la civilisation contemporaine, les habitants de certains quartiers situés pourtant au cœur de certaines communes même de la capitale qui ont connu ces dernières années une extension urbanistique furent surpris de voir, comme par enchantement, le bitume, l’éclairage public, le gaz, l’eau arriver, sans s’annoncer, chez eux et égayer leur quotidien fait pendant de longues années de boue, d’obscurité, d’immondices, d’eau qui coule avec parcimonie des robinets… La recette est vieille comme ces élus, toujours les mêmes, lesquels sortis par la petite porte au détour d’un scrutin malheureux, finissent toujours, suivant un processus de recyclage devenu presque biologique, par revenir aux affaires locales par la grande porte. Pour faire illusion, la mariée – la commune – se doit d’être belle à la veille du renouvellement des assemblées locales. Ce qui n’a pas été réalisé en 5 ans de mandat, on s’efforce de le faire en fin d’exercice. On met alors les bouchées doubles pour offrir aux électeurs un bilan-trompe l’œil sur lequel les élus sortant comptent s’appuyer pour s’attirer les faveurs de l’électorat pour un nouveau mandat. Le plus inquiétant, c’est que cette gestion ou non-gestion à la carte de nos communes faite dans la précipitation, sans doute aussi dans l’improvisation et la dilapidation des deniers publics, ne semble pas déranger les pouvoirs publics au niveau central. La complicité consciente ou non de la tutelle face à de telles pratiques qui n’ont rien de saines ni politiquement ni au plan de la gestion proprement dite, fait que les élus populistes et véreux venus aux affaires locales pour se servir et non pour servir la collectivité ont encore de beaux jours devant eux. Cette débauche d’énergie suspecte observée au niveau de certaines communes à la veille des élections locales est d’autant plus révoltante et condamnable au plan moral que les citoyens sont assimilés par certains de nos élus à de simples bulletins de vote.

Omar Berbiche

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