La banque de Tata
La privatisation du Crédit populaire d’Algérie ne fait finalement pas l’unanimité. Nous, qui pensions que la décision de céder la première banque algérienne aux capitaux privés était déjà une fin en soi, en avons donc eu pour notre naïveté. Longtemps présentée comme une décision importante qui va opérer le déclic dans ce secteur si sensible et si important pour le développement et qui accuse un retard structurel et managérial inconcevable pour une économie qui ambitionne de se mettre sur les rails de la modernité. Il n’y avait donc pas grand monde à verser ne serait-ce une larme de regret sur le statut étatique et le mode de gestion de cette banque, et de toutes les autres banque publiques si elles venaient à suivre son exemple. On pensait donc évident pour tous le caractère salubrité public de la décision et une assez large opinion commençait déjà à s’impatienter jusqu’au doute de la lenteur prise dans l’aboutissement du projet en raison du manque d’enthousiasme politique et de quelques résistances dont les gardiens du temple sont toujours capables. Investisseurs, commerçants et clients ordinaires, tout le monde vous dira que le talon d’Achille de notre économie est dans ses banques qui, au lieu d’encourager la croissance, en sont le frein et le facteur le plus handicapant. Il en est de même pour les organismes étrangers qui ont toujours placé dans leurs appréciations, aux premiers rangs des obstacles au développement, l’incurie dans la gestion de nos banques, leur manque de transparence et l’indigence des services qu’elles proposent à leurs clients. L’un de ces organismes, relayé juste après par l’ancien ministre de l’Economie français, André Breton, à la faveur de sa visite à Alger, a même cité la privatisation du CPA parmi les indices qui incitent à l’optimisme dans les perspectives immédiates de développement de l’Algérie. Mais voilà. Maitenant que la privatisation est imminente et que les soumissionnaires sont connus, on déplace le débat là où très peu de monde l’attendait, avec cette grande question qui n’est pas si grande que ça. Que va nous apporter le repreneur du CPA ? Mais une banque, pardi ! Avec du métier, des normes de gestion, une qualité de service, de la transparence et surtout de l’autonomie. Une banque qui finance un projet pour sa viabilité et non pour les ” entrées ” de son promoteur, une banque qui sache gérer et accepter un découvert, qui vous délivre une carte de crédit, vous envoie régulièrement vos états, qui vous permette de consulter votre solde sur le net et d’avoir des crédits à la consommation. Une banque qui fasse le bonheur de ses clients et accessoirement celui de son personnel. Pas celui des trafiquants et des pistonnés. Une banque d’investissement ? Il n’en existe pas dans l’absolu. Tout simplement parce que ce sont les projets, pas les banques, qui débloquent les crédits, comme c’est le cas jusque-là dans nos banques publiques. Le CPA et les autres.
S.L
Du coq à l’âne : Lu dans une page sportive de mon journal : ” La tribune officielle du stade (de Tizi Ouzou) reconvertie en tribune normale “. On ne nous dit pas si les voyous qui s’y trouvaient d’habitude paieront désormais leurs tickets.
Slimane Laouari