S’enrichir en téléphonant

C’est en même temps dans une indigence de données fiables et éclairantes sur les réalités de la téléphonie mobile en Algérie et une assourdissante publicité sur leur success story en business que les deux opérateurs privés - tout deux étrangers du Moyen Orient – tracent leur assise économique et pouvoir symbolique en Algérie.

Ces entreprises distillent des « infos » modulées à des journalistes cooptés en attachés de promotion ; et de temps à autre est fourni un chiffre farfelu sur une « télédensité » algérienne, promue par eux dans la logique commerciale en première du Maghreb. Alors que c’est tout à fait clair : nos voisins marocains et tunisiens sont bien moins éloignés que nous par rapport aux capacités de communication permises par la « société de l’information ». Et que tout le chantier mirobolant claironné par le ministre des technologies Haïchour autour du programme Ousratic devant doter les foyers du pays d’un PC et de connexion Internet est l’un de nos leurres les plus aveugles. Et dont d’ailleurs nul audit depuis son lancement n’a été chiffré et publié. Il n’est pas jusqu’à nos institutions éducatives, écoles, lycée, universités du pays qui ne continuent de grenouiller à la marge du Web de ce troisième millénaire. Les machines et la culture n’y sont pas encore. Djezzy et Nedjma, de leur dénomination commerciale, ont cartonné une fois de plus ce Ramadhan, à coup de gros sous de pub, mais plus encore que les autres, à se rendre visibles, audibles, voire lisibles à travers tous nos médias. Leur boulimique présence sur l’écran national de l’après jeûne fait culminer à la nausée leur bourdonnement. On n’y prêterait pas tant d’attention à ces prêches publicitaires soft d’intonation et vernis de modernité si dans le fond nos importés entrepreneurs libérateurs de tchatche ne trompent pas autant la jeunesse algérienne, clientèle au cœur de cible, en leur faisant miroiter la recette que le tout est de gagner du temps de tchatche – permettant y compris le gain d’un voyage à la Mecque. D’une « richesse » à bout portant d’un téléphone portable Djezzy et Nedjma nous fabriquent le stéréotype d’Algériens tarés, et repus de pétrole, et qui peuvent tirer dans tous les sens.

Belkacem Mostefaoui

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