Alternatives

Les consommateurs algériens subissent actuellement les effets de la très forte tension sur le lait en sachet, un produit stratégique devenu introuvable sur le marché.

Les faibles quantités mises en vente ne sont accessibles qu’au terme d’une interminable attente qui consacre le retour du phénomène réputé disparu de la chaîne typique des années de récession et de graves pénuries.

Classé dans la grille des produits de première nécessité, le lait est subventionné par l’Etat qui s’attache à maintenir constant le coût à l’achat du litre. Autrement, c’est un produit qui reviendrait plus cher aux consommateurs dans la mesure où la part essentielle des composants du lait – la poudre qui sert à le fabriquer – est importée.

Le prix du lait ne relève donc pas des lois du marché, mais d’une gestion politique qui le soustrait aux fluctuations des cours que connaît cette matière au niveau mondial.

La filière du lait en Algérie, où coexistent producteurs publics et privés, est sous protection étatique, bien qu’elle ne tombe sous le coup d’aucun monopole.

L’Etat y reste cependant un acteur d’influence pour des raisons de santé publique et de stabilité du marché. Ouvrir le prix du lait à la concurrence et à la règle des augmentations plongerait dans une plus grande précarité les populations les plus démunies et les petites classes d’âge. Le lait reste pour elles un aliment de base.

L’Etat ne peut donc pas se désengager sans risques d’un secteur aussi sensible et c’est une posture qui le contraint à maintenir l’équilibre entre les intérêts des consommateurs et ceux des producteurs dans un marché algérien où la demande est colossale, tout autant que les investissements des opérateurs de la filière du lait.

La crise qui agite ce secteur depuis quelques semaines déjà montre à l’évidence que la liberté des prix que les producteurs souhaitent voir entrer en vigueur se heurterait à la réalité du pouvoir d’achat de larges pans de la population et pourrait dégénérer en crise sociale.

Un litre de lait en sachet à 40 DA – selon un montant lancé sur la place publique – serait exorbitant pour les petites bourses que l’Etat est tenu de protéger. Pour cela, il ne pourra agir, au plan national, que par le canal des subventions, faute d’infléchir les variations des cours sur le marché international.

Cette mission protectionniste n’exclut pas – elle appelle en fait– une régulation de la filière qui, selon certaines estimations, a été en situation de surproduction du fait de la multiplication des opérateurs. La tension qui pèse sur ce secteur souligne alors la nécessité de préserver la filière du lait des pièges de l’improvisation et des mécanismes de gestion rendus anarchiques par un gigantisme outré du marché du lait et de ses dérivés.

Dans le même temps, les logiques de subvention ne se suffisent pas à elles-mêmes si l’Etat et les professionnels de la filière du lait ne mettent pas en œuvre des solutions alternatives pour alléger la dépendance du marché algérien des produits d’importation, car cette crise du lait pose déjà la question de savoir quelles stratégies le pays sera tenu de mettre en œuvre pour assurer, avec ses propres moyens, son autosuffisance alimentaire. Dans le contexte impitoyable de la mondialisation, c’est une question qui revêt une dimension vitale.

Amine Lotfi

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