Votre choix est le nôtre
“Ce ne sont pas les hommes qui font le FLN ; c’est le FLN qui fait les hommes”, a dit Belkhadem, une fois les listes de candidats à l’Assemblée nationale établies. On ne vous le fait pas dire ! On connaît les prouesses de l’appareil, jadis officiellement dénommé ainsi.
La phase politique du processus, celle où l’on se bat pour s’inscrire et inscrire les siens en bonne place sur les listes électorales, est terminée. Cette période aura permis de mesurer la force de chaque clan et de chaque région dans chacun des appareils qui font le bonheur de nos récréations démocratiques. Bouhadja l’a assuré : “Il ne peut y avoir de doute sur la victoire du FLN.” Et le président du MSP a fait cette significative observation : “S’il n’y a pas de fraude, nous serons deuxièmes.” Le parti islamiste convient de la primauté du FLN et revendique, pour cette raison même, la seconde place.
Les arguments des candidats à la candidature ont donc été éprouvés, souvent dans des conditions de conclave, comme pour le FLN, dans une chambre inaccessible de l’hôtel Moncada. Le président Bouteflika qui, officiellement, est président d’honneur du parti, a eu, selon la litote de Belkhadem, “un droit de regard sur les listes”.
Et croyez-vous que ces huis clos et cette discrétion visaient à soustraire les travaux d’appareils au regard indiscret des médias ou à la pression de l’opinion publique ? Que non ! Et Belkhadem l’a expliqué aussi : la quarantaine de commissions électorales vise à préserver leurs choix de l’influence des “porteurs de sacs”, qui veulent acheter leurs places dans les listes électorales, et à empêcher les indésirables d’aller se présenter en indépendants en les maintenant dans le doute de leur candidature. Quand on pousse quelqu’un vers la porte du sérail, on l’empêche de revenir par la fenêtre. Dans notre système, c’est toujours la gloire ou le bannissement.
Puisqu’on sait que le FLN gagnera, puisque le MSP se plaint déjà de n’être que troisième, puisqu’on peut donc deviner le deuxième, puisqu’on connaît les têtes de liste, c’est-à-dire les futurs élus, ne devient-il pas superfétatoire de dépenser tant de ressources pour l’organisation d’une campagne électorale et d’un scrutin ? On croit peut-être pouvoir ainsi financer le label de démocratie. Allez écouter les Algériens dans les cafés, les bars et les mosquées, dans les bureaux et les chantiers — parce que le lieu de travail est le principal espace de débat public — pour voir s’ils se passionnent pour l’après-alchimie du Moncada ! Ils parlent plutôt d’Irak, de marins anglais, de coupe d’Afrique, du prix des haricots, de la pénurie de lait… Parfois de leur crainte de voir Sarkozy l’emporter. Mais rarement de leur député rêvé.
Les petits secrets d’appareils ne concernent que ceux qui font carrière dans la chasse au siège. Métier moderne de l’Algérie démocratique, il intéresse de moins en moins le quidam national qui a fini par comprendre que dans l’alternance au pouvoir à l’algérienne, il n’y a que les péripéties de purges, cooptations, arrangements et autres règlements de compte.
Les déçus des commissions de candidatures sont retournés à leurs soucis de citoyens oubliés. Il reste à connaître le détail des quotas et l’Assemblée est déjà composée.
Il nous reste à l’élire.
Mustapha Hammouche