Le ”fonds” de la résurrection

C’est finalement vers le Fonds monétaire international que Dominique Strauss Kahn va se retourner pour – son thème de campagne - ” changer la vie “. Bardé de diplômes, économiste aux compétences unanimement reconnues, prof à Sciences po, avocat d’affaires et consultant, DSK , comme on le surnomme, est le parfait prototype de l’homme ” trop intelligent pour réussir en politique “.

On a souvent entendu dire de lui que ses discours étaient des cours magistraux trop élaborés pour séduire, qu’il manquait de charisme, qu’il lui manquait cette fougue qui fait les grands hommes politiques ou ces coups de gueule susceptibles de brasser large. Au sein de sa propre famille politique, il imposait le respect à tout le monde, mais il était tellement ” sérieux ” que très peu de ses camarades, y compris les plus proches, ont un jour pensé à lui pour incarner l’idéal socialiste, ou tout au moins le porter le temps d’une bataille majeure.

Par déduction facile ou parce qu’il y a parfois prêté le flanc, on dit aussi de lui qu’il est méprisant. A la faveur de sa confrontation avec Ségolène Royal pour la candidature socialiste aux présidentielles, il a pourtant bien eu ce mot malheureux à l’endroit de sa rivale : ” Il ne s’agit pas d’un casting pour défilé de mode” . Il ne manquait pourtant pas d’arguments plus sérieux.

Non seulement il avait les moyens intellectuels de ses ambitions, mais aussi le confort du juste milieu. Entre un Fabius accroché à l’orthodoxie socialiste et une Royal qui n’était pas loin de vendre son âme au diable, il y avait peut-être une place de choix pour le social-démocrate résolument européen qu’il était. Mais les jeux étaient pratiquement faits. Sûrement au-delà des projets, et peut-être même pas très loin du ” casting “.

Il se peut bien qu’il y ait eu un peu de dépit dans la décision de Strauss Kahn de postuler à la direction générale du FMI et de solliciter la bénédiction de Sarkozy, présenté il n’y a pas si longtemps comme ” le pire de ce qui pouvait arriver à la France “, mais il n’y a pas que cela. On dit qu’il en a toujours rêvé, il a le profil de l’emploi et surtout la quasi-certitude d’être élu une fois acquis le plébiscite de l’Europe comme le veut la tradition.

Et quand bien même sa nouvelle fonction l’éloignera pour cinq ans des affaires de la France, il serait étonnant que DSK ait renoncé à son destin national. Il y a même un exemple tout frais et tout proche où l’Allemand Horst Kahler a renoncé à une partie de son mandat à la tête de cette institution pour devenir président de la République.

Mais la volonté de Strauss Kahn de réformer le FMI sera-t-elle suffisante pour le marquer de son empreinte au moment où l’éventail de ses opposants dépasse le cercle des altermondialistes et des ultrarépublicains américains ? Ce n’est pas sûr, mais ce n’est pas perdu d’avance non plus.

La crise asiatique de 1997 est désormais derrière lui, l’Argentine a remboursé rubis sur l’ongle après sa débâcle financière de 2001 et les pays ” émergents ” tels que l’Inde, la Chine et le Brésil sont appelés à faire plus que de la figuration avec l’augmentation promise de leurs quote parts.

Paradoxalement, cette redistributions des cartes ne joue pas dans l’absolu en faveur de l’Europe, mais un rééquilibrage des forces qui grignoterait sur l’hégémonie du principal actionnaire, les Etats-Unis, est toujours bon à prendre. Surtout que DSK a brassé large en allant convaincre Lula le Brésilien et Kirchner l’Argentin.

Le revers de Poutine dont le candidat tchèque censé porter la parole des pauvres, a été balayé d’un revers de la main a été la cerise sur le gâteu européen. ” Il faut maintenant se mettre au travail ” et c’est Sarkozy qui le lui demande. François Hollande trouve , lui, que ” la désignation de DSK est une fierté pour les socialistes “. Il a brassé vraiment large pour une fois, DSK.

Slimane Laouari

P.- S. : Dominique Strauss Kahn touchera quatre cent mille euros par an. Juste un peu plus que… Jean-Michel Cavali.

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