Takrim
Août 1999 : dans une ville côtière et en marge d’un festival de théâtre, les organisateurs ont honoré une grande comédienne et actrice de cinéma. Bent el bled, la fierté locale a reçu après un discours- fleuve et quelques bises de gratitude… une paire de couvertures pour ses vieux jours !
Septembre 2000 : dans une ville de l’intérieur du pays et comme pour saupoudrer une méga-zerda qui se veut “semaine culturelle”, un comité de fêtes a multiplié les invitations à l’adresse d’illustres hommes de culture et des intellectuels de renom, chorba-frik, puréesteak et photos souvenirs.
Entre deux nuitées paisibles dans le palace du coin, on leur a tendu le micro pour remercier les organisateurs et les autorités locales. Ils se sont presque tous exécutés, ont accepté des accolades feintes et brandi, pour la postérité, des trophées superbement emballés. De la fragile porcelaine !
Décembre 2004 : toujours dans une autre ville de l’intérieur du pays, on a voulu honorer la presse écrite régionale. Des “amis et des compagnons” ont témoigné et tout le monde s’est régalé à la gargote. Il s’en est trouvé même un sombre fonctionnaire qui criait à l’événement culturel de l’année le qualifiant de… maghza!
Juin 2006 : l’association culturelle, sportive et scientifique (ouf !) d’un village ancré entre deux crêtes arides a bénéficié d’une conséquente subvention pour rendre hommage à un artiste disparu. De l’avis des organisateurs, tout le monde a bien bu, bien mangé et bien dormi.
Mieux, on a fait venir des conférenciers d’Alger et tous les élus ont pris la parole aussi bien le jour de l’inauguration que le jour de la clôture.
Une cassette vidéo prouve tout ceci, elle sera jointe au dossier de demande de subvention, car les organisateurs jurent par tous les saints qu’ils récidiveront désormais une fois l’an jusqu’à en faire une tradition.
Tayeb Bouamar
