Que sont devenus les parasols Khalifa ?
On s’en rappelle tous, depuis presque une dizaine d’années, les plages algériennes, dorées aux couleurs du libéralisme triomphant, étaient couvertes de parasols Khalifa. Les filles étaient belles, le soleil radieux et tout sentait bon l’argent frais.
Si depuis la chute de l’empire, tout a disparu, locaux, voitures et cartes de crédit, il est difficile de croire que même les parasols ont été touchés par cette logique de l’effacement. Pourtant aujourd’hui, on ne les voit plus, ils ont disparu et l’été dernier déjà, ils avaient été étrangement retirés de la circulation.
Que sont-ils devenus ? Ont-ils été repeints aux couleurs d’Air Algérie ? Ont-ils été brûlés ou récupérés par le liquidateur Badsi ? Les a-t-il utilisés pour fabriquer des zones d’ombre, cacher le soleil ou la lumière ? Y a-t-il un cimetière où vont mourir les parasols quand ils sont déchus ? En Algérie, quand quelqu’un tombe, tout tombe avec lui. Sa famille, son histoire, son passé et ses paroles.
Et même ses parasols, comme dans l’Union soviétique d’antan où l’on effaçait de toutes les photos officielles les personnalités tombées en disgrâce. Tous ceux qui ont gravité dans la sphère Khalifa et ont partagé avec lui des tranches du grand gâteau, font aujourd’hui comme s’ils ne l’avaient jamais connu.
Les personnalités qui ont pris les cartes de crédit et dont les noms n’ont pas été donnés par la justice font aussi de même, comme s’ils avaient simplement touché une rente qu’ils n’ont pas à justifier. Les journalistes qui ont pris des enveloppes discourent à n’en plus finir sur la nouvelle justice qui fait des procès exemplaires et transparents.
Il ne reste donc rien ou du moins, il ne restait rien à part les parasols. Maintenant que même ceux-ci ont disparu des plages, on peut se demander quels seront les parasols en vogue l’été prochain. A moins que ce ne soient des parapluies.
Chawki Amari
