L’impensable !

Le niveau de saleté de ce quartier sur les hauteurs d’Alger où les terrains et les maisons sont hors de prix a atteint un tel niveau que des citoyens veulent réagir. L’affaire de Sidi-Bel-Abbès y est pour quelque chose. Une maladie transmise par les rats, cela vous rappelle tout de suite la peste et ce souvenir réveille lui-même des peurs ancestrales. A mon avis justifiées par l’état de nos villes et de nos campagnes que Hakim Laâlam a si bien décrites dans une chronique parue cette semaine.
Fallait-il oui ou non alerter les autorités, le wali délégué, l’APC, les services de la voirie ? Désaccord total sur la ligne après avoir supputé toutes les démarches possibles dont celle de faire parler l’imam sur la question pour sensibiliser les citoyens. Démarche rejetée car l’imam en question ne cesse, dans ses prêches, de rappeler aux citoyens leur devoir civique de propreté. On n’allait pas lui demander de refaire ce qu’il fait constamment sans risque de l’offenser ! Créer une association ne suscite pas l’adhésion. Des arguments massue : si ce n’est pas «leur association » (entendez une association au service du pouvoir) elle n’aura pas d’agrément et le problème est trop urgent pour attendre pendant des mois un bout de papier pour bouger. Et de la bouche d’un participant surgit un argument définitif : on s’arrange pour régler le problème entre nous ; le maire, le wali, et tous les responsables se moquent de la situation, ils ne pensent qu’à leurs intérêts. Je retrouvais dans cette bouche une de mes convictions les plus profondes : ce pouvoir ne s’intéresse plus au pays depuis longtemps. Il n’en a rien à cirer. Mais l’idée est si radicale qu’elle est choquante. Le débat dévie sur cette question. Contreargument de taille : même s’ils se moquent du pays, même s’ils poursuivent des buts personnels, ils ont intérêt à un minimum. Argument désespéré qui prête aux gens du pouvoir nos sentiments à l’égard de l’Algérie : quels que soient nos appétits, c’est notre pays ; on ne peut pas le laisser aller ainsi à vau-l’eau. Il est impensable que des Algériens se moquent de l’Algérie ; cette idée est impensable pour beaucoup de gens. Erreur, il y a longtemps que dans leur tête, l’Algérie en tant que nation et société a disparu. Même quand ils se tirent dessus pour des questions de pouvoir, ils parlent comme si nous n’existions pas. Ils ne se réveillent à nos problèmes que lorsque il y a risque sérieux de contestation. Sinon, mout ! Et cette idée que le pouvoir se moque du pays et de la société gagne du terrain sans trouver encore une expression politique positive, des perspectives d’organisation et de contestation.

MOHAMED BOUHAMIDI

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