De la culture à la culture

L’orage sur Alger ne refroidira pas les marchés. Nous n’avions pas fini de protester contre la flambée des prix du marché que septembre pointe avec la rentrée scolaire. Pour les patates, le gouvernement avait un argument béton : il nous accusait de ne penser qu’à notre ventre ! Lui, bien sûr, ne pense jamais à ses poches et d’ailleurs, pouvons-nous lui en faire le reproche ? Autant refaire la bataille du pot de terre contre le pot de fer, sans jeu de mot au cas où vos obsessions vous font associer pot de terre à pomme de terre.
Surveillez votre tension, calmez- vous, ne vous laissez pas aller à des colères trop brusques : on va nous importer la patate du Canada et bientôt le persil de l’île de Palma ou la menthe de la Crète. Ce sera le pied ! Nous allons enfin manger mondial et combler de bonheur nos gouvernants qui nous expliquent à tout bout de champ ( n’allez pas voir dans cette expression une allusion perfide à notre politique agricole) les bienfaits de cette mondialisation sauvage. Bref, avec septembre et la rentrée scolaire, le gouvernement ne pourra pas nous accuser de ne penser qu’à nos ventres. On pense instruction, culture, cartable, cahiers, crayons, livres, papier Canson, trousse, papier millimétré, compas, équerre et aussi, bien sûr, souliers d’hiver, tablier, pantalons, vestes ou blousons et chaussettes. Pardonnez- moi de revenir à des questions matérielles, mais je vois mal des bambins aller pied nus à l’école sous la pluie et dans le froid. Je suis désolé, monsieur le gouvernement, la culture a des exigences bassement pratiques. Je vous en parle avec respect car je sais que vous êtes occupé aux grandes questions stratégiques d’importation des bananes mais vraiment la culture a des exigences ! Personne n’imagine aller à l’opéra avec des vêtements usés. Pour vous faire honneur et prouver au monde mondialisé que nous ne pensons pas qu’à notre ventre et qu’on sait se soucier de culture et d’instruction, lâchez-nous une augmentation qui nous permettra d’envoyer des gosses pimpants à l’école et d’amener au théâtre des familles élégantes. En échange, on laisse tomber la pomme de terre. La culture mérite nos sacrifices et certainement les vôtres.

MOHAMED BOUHAMIDI

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