LA BELLE EST ENFIN ARRIVEE !
Les scandales de l’été. A leur tour, Mami et Khaled se
disputent. Fort heureusement, aucun des deux ne
compte …
…publier de livre !
C’était hier. Il était 18 heures 30 minutes. Je quittais la Maison de la presse, dans le quartier du 1er-Mai, à Alger. Empruntant le pont-bretelle au niveau du dépôt de la RSTA, sur la droite, pour rejoindre l’autoroute, je l’ai vue ! A quelques encablures seulement de la sortie du port. Mes mains se sont aussitôt crispées d’émotion sur le volant. Mes ongles s’enfonçaient presque dans le cuir, comme pour mieux me convaincre, à travers la douleur de l’étreinte que je ne rêvais pas. Elle était là. Belle. Et inaccessible en même temps. Elle filait droit devant moi. Altière. Hautaine. Presque dédaigneuse. Pourtant, dans ce que je pouvais distinguer d’elle à cette distance et à cette allure, elle n’aurait pas dû être à son avantage dans ce rude et fruste habit de jute cousu en mailles grossières. Une autre qu’elle aurait paru laide, monstrueuse dans cet accoutrement enguenillé. Pas elle ! Elle n’en paraissait que plus princière, plus noble, plus aérienne. Et plus elle filait, plus je plissais les yeux pour mieux la dévorer des yeux. Sa peau. Ô sa peau ! Satinée et ferme, elle tendait vers un brun acajou aux reflets chauds et sensuels. De ce brun en apparence sage, mais sous lequel devait couver un brasier, un volcan prêt à dégorger toute sa rage de vivre, son énergie bouillonnante et son désir ardent de plaire et d’être aimée. Elle était suprêmement belle. Et elle le savait. Au point d’en jouer de manière presque perverse. Aguichante jusqu’à l’insupportable, provocante jusqu’aux frontières de la déraison des sens, elle devait bien se rendre compte que je n’étais pas le seul à l’admirer et à la désirer. Tout autour, dans un ballet aux contours évanescents, d’autres paires d’yeux, d’autres automobilistes, aussi fascinés que moi par la belle, l’observaient avec concupiscence. La mangeaient littéralement. La dévoraient crue. Maintenant, eux et moi qui faisions cortège derrière la traînée blanchâtre du pot d’échappement poussif du 20 tonnes qui la transportait, nous savions ! Attendue depuis des semaines, la pomme de terre d’importation venait d’arriver au port d’Alger et le quittait par convois pleins. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
Hakim Laâlam