L’eau à Alger : un été trop court
Le ministre des Ressources en eau a fait aux habitants de la capitale l’agréable surprise de leur annoncer que pour l’été 2007, l’eau sera disponible vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans leurs robinets. Le bonheur ne fut pas total, parce qu’ils eurent droit au précieux liquide que dix-huit heures sur vingt-quatre. Mais qu’à cela ne tienne ! Personne, à Alger, ne fit la fine bouche. Une promesse partiellement tenue peut faire des heureux dans un système qui a fini par nous faire oublier de prendre nos responsables au mot, tant la règle est que…
Mais, voilà, la promesse ainsi révisée à la baisse n’a été tenue que jusqu’au week-end passé, c’est-à-dire pour moins d’un mois.
Il commence à se savoir que Sellal a le sens de l’humour, mais nous n’en sommes pas à la fin de l’été. Il reste à subir la fin de juillet, à endurer le généralement le mois d’août et peut-être à souffrir les reliquats de chaleur dispensée par le mois de septembre.
Coïncidence : la débauche d’eau a correspondu, presque jour par jour, à la période des Jeux africains !
Que les autorités nationales aient voulu assurer une disponibilité de l’eau à Alger pour assurer le confort de nos sportifs invités parce que c’eut été utile au bon déroulement des joutes africaines, c’est de leur ressort. Même s’il ne s’agissait que de montrer aux athlètes, dirigeants et journalistes étrangers que la politique algérienne de l’eau a su nous assurer l’abondance hydraulique, cela se comprend. C’est dans la nature de notre système de soigner la vitrine pour compenser le fond de sous-développement.
Mais qu’on présente, comme cela semble être le cas avec cette histoire d’eau, un effort de circonstance, plus ou moyen justifiable, comme la marque d’une attention à la population revient à vouloir lui faire prendre des vessies pour des lanternes. C’est toujours ça pour nous de profiter des mesures d’accompagnement rendues nécessaires par l’organisation d’une manifestation internationale, mais c’est décevant qu’on nous présente comme les destinataires d’un cadeau qui ne fait que nous éclabousser parce que nous nous trouvons sur son passage. Ou alors on aurait dû joindre l’utile à l’agréable, assumer l’effet d’annonce qu’on a provoqué et aller jusqu’au bout de l’engagement et donc de… l’été. Car, l’été indien de nos salles de bains n’aura duré que le temps de l’été sportif africain. Un été indien de l’eau.
Le ministre a aussi lié l’éventualité d’une augmentation tarifaire à une disponibilité vingt-quatre heures sur vingt-quatre de l’eau courante.
C’est vrai que n’avons pas la tradition de prendre nos dirigeants au mot, qu’à force d’inconséquences, nos autorités ont fini par nous avoir à l’usure et que nous avons fini par intégrer une espèce de culture de l’oubli. La notion de bilan a disparu parce qu’on a tué en nous le réflexe de demander des comptes et de rappeler aux responsables leurs engagements.
Une promesse en écrase une autre avant même que la précédente n’ait été réalisée. C’est ce processus qui, en matière de développement, entretient la panne permanente.