SI UN VERROU SE FERME, C’EST QU’IL PEUT S’OUVRIR !
Mohamed Lamari prépare un nouvel album.
La menace est prise très au sérieux
Un Premier ministre mis en examen. Je regarde et re-regarde les images de cet homme, grand de taille, le cheveu cendré et gracieusement dompté qui sort d’un long «essorage» chez un juge et qui confirme : «Oui ! J’ai été mis en examen sous les chefs d’inculpation suivants…». Un président de la République entendu un long moment par un juge. Il n’y a pas d’images que je puisse regarder et re-regarder. Mais cet homme, grand de taille et le cheveu rare, a bien été entendu et essoré lui aussi. La chose est presque irréelle dans mon entendement d’Algérien. J’ai beau me dire que c’est cela la norme, que c’est cela la justice au-dessus de tout le monde, que c’est cela la règle, ça reste trop «surprenant» à mes yeux. Dans la culture que l’on m’a inculquée 45 ans durant, un chef de l’Etat ne peut pas être entendu par la justice, encore moins être mis en examen. Il peut juste être victime d’un coup d’Etat et mis en cabane ou, plus définitivement, se faire liquider en direct live quelques jours à peine après son retour au pays. Mais entendu par la justice ? Jamais ! Impensable ! Bien sûr, les initiés de la vie politique française vous diront que Chirac et de Villepin font les frais de la rage vengeresse de celui qu’ils ont tenté de faire tomber et qui a accédé à la magistrature suprême. Oui ! C’est juste. Mais la rage vengeresse chez nous ne mène jamais un ancien président ou un ancien Premier ministre devant le juge d’instruction. Quitte à me répéter, ça ne mène que vers les redressements révolutionnaires ou la main vachement « isolée » d’un petit lieutenant des services de sécurité. Jamais dans le bureau d’un magistrat instructeur. Pourtant, vengeance ou pas, la citoyenneté se construit aussi et surtout autour de la conviction qu’un président de la République, qu’un chef du gouvernement peuvent démocratiquement et de façon civilisée tomber. Rendre des comptes de leurs actes. Croire en la justice de son pays ne se décrète pas un matin, au saut du lit, par ordonnance officielle. Ça se vit. Et ce ne sont pas les motifs qui manquent. Ici. Et aujourd’hui. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
Hakim Laâlam