Quiproquo
Si cette arrivée massive des travailleurs étrangers en Algérie peut être interprétée comme un signe positif du niveau d’attractivité réalisé par l’économie nationale, la situation semble créer un certain quiproquo dans le débat sur le problème du chômage et la création d’emplois.
Le marché du travail pour les ressortissants étrangers a connu ces dernières années une importante évolution à la hausse qui renseigne parfaitement sur le niveau d’attractivité atteint par l’économie nationale. Le constat est maintenant fait. Les grands chantiers, engagés dans différents secteurs d’activité, ont induit un boom de l’offre d’emploi que le marché local n’arrive pas à résorber, en raison notamment du problème de qualification qui se pose pour la communauté des chômeurs nationaux. Les entreprises étrangères, qui ont arraché des contrats de réalisation de chantiers considérés comme volumineux, sont donc dans ce cas précis contraintes de recourir à la main-d’œuvre issue des pays respectifs pour faire face, et dans les délais, aux travaux pour lesquels elles sont engagées. Si cette arrivée massive des travailleurs étrangers en Algérie peut être interprétée comme un signe positif du niveau d’attractivité réalisé par l’économie nationale, la situation semble créer un certain quiproquo dans le débat sur le problème du chômage et la création d’emplois. En effet, beaucoup ne voient pas d’un bon œil cette “incursion” de la main-d’œuvre étrangère sur le marché algérien, alors que les chiffres liés au chômage demeurent relativement élevés, malgré les assurances et l’optimisme que continuent d’afficher les pouvoirs publics sur la question. L’on considère, à ce propos, insensé de faire appel à la main-d’œuvre d’autres pays au lieu d’offrir le travail aux nationaux. Mais dans ce débat, on met rarement l’accent sur les raisons objectives qui poussent les entreprises, y compris nationales, à “importer” des travailleurs. Depuis déjà plusieurs années, beaucoup de managers d’entreprise avaient averti contre cette pénurie de travailleurs qualifiés. Cette mise en garde renseignait suffisamment sur les limites atteintes par le système d’enseignement et de formation en complet décalage avec la demande exprimée par le marché national du travail. Certes au niveau du discours, la perception des autorités par rapport à ce problème a commencé à s’améliorer. Mais, dans les faits et sur le terrain, les choses semblent apparemment plus compliquées puisque l’on n’arrive pas encore à toucher du doigt les résultats de la réforme engagée. Les universités et les centres de formation et d’enseignement professionnels du pays ne cessent pourtant de déverser leurs lots de diplômés sur le marché national. Toutefois, les débouchés demeurent aléatoires pour ces milliers de jeunes en raison du décalage qui persiste entre la demande exprimée par le marché du travail et les offres faites par les acteurs économiques.