Les limites du tout-politique…
Même si les autorités tentent de rassurer en faisant passer le message selon lequel le terrorisme a perdu sa nocivité, qu’il a perdu sur les plans politique et militaire, que la paix est revenue, il n’en demeure pas moins qu’au vu des attentas terroristes dont on ne parle même pas du côté officiel quand il s’agit d’éléments des forces de sécurité qui sont individuellement ciblés, et qu’au vu des audaces entreprises par les terroristes qui sont intéressés par ce qui est médiatisable sur le plan international, il subsiste des éléments d’inquiétude, de grande inquiétude.
Depuis un certain temps, la lutte contre le terrorisme, qui n’a jamais cessé du côté des forces de sécurité, a en réalité cessé du côté des officiels et de la classe politique qui ne produisent pas des discours de fermeté à l’encontre du terrorisme. Et pourtant, la loi portant sur la charte elle-même prend en compte que le terrorisme ne va pas cesser, pour la seule raison qu’elle permet l’arrêt des poursuites judiciaires à l’encontre des terroristes qui voudraient bien la rejoindre pour profiter de sa réintégration sociale. Il semble, maintenant, que les terroristes aient choisi de s’attaquer exclusivement aux forces de sécurité pour, peut-être, la raison que les corps de sécurité sont les seuls à les combattre, devant le silence de la classe politique.
La question se pose de savoir, d’une part, pourquoi la lutte contre le terrorisme apparaît comme relevant des seules forces de sécurité, plus particulièrement qu’on compare la période actuelle à celle des «Ridjalloun wakifoune», où il apparaissait que cela était une affaire de la nation.
Même si l’Armée n’a pas mis «l’arme à pied», il apparaît que les institutions civiles qui sont concernées par leur implication dans la prise en charge de toutes les dimensions de la lutte globale sont cruellement absentes dans le champ de la bataille. A qui appartient-il de créer un climat politique, économique, social, psychologique, solidaire défavorable à l’emprise de la subversion intégriste qui crée chez nos jeunes la vocation au métier de terroriste ?
Pour nombre d’observateurs, le tout-politique ne doit pas toujours être perçu sous l’angle de la séduction des terroristes et de ceux qui apparaissent les soutenir, mais doit au moins signifier qu’il n’y aura jamais de place pour les compromissions. Le problème est qu’il avait apparu pendant un bon moment qu’il fallait fermer les yeux sur la poursuite de la violence et que les pouvoirs publics et la classe politique omettaient de dire et de répéter qu’ils doivent soutenir la lutte contre le terrorisme, car ne pas le faire sur le plan du discours au moins serait perçu par les terroristes comme un laxisme ou une bienveillance.
Sofiane Idjissa