Gérer par secousses successives
L’été s’annonce enfin et vient rajouter de sa torpeur à la somnolence de la scène politique. Peut-on appeler autrement l’absence de réactions des «petits» partis politiques à l’annonce de cette loi électorale qui viendra leur tordre le cou. S’il faut en croire les premières indiscrétions, les Algériens ne pourront plus présenter des listes indépendantes aux différentes élections.
Coup dur pour des citoyens, pas meilleurs que les autres peut-être, qui utilisaient ce moyen pour se faire une place dans la compétition politique en dehors des partis qui ne les admettaient pas ou qui n’admettaient pas d’être sous la tutelle des partis sans renoncer à faire de la politique. Vous aurez certainement beaucoup raison si vous me répondez que ces indépendants ne poursuivent pas des buts plus purs ou plus nobles que les chanceux retenus en bonne place dans les listes présentées par les partis, singulièrement ceux de la coalition.
C’est bien dommage d’en arriver à ce constat que le pouvoir a réussi à généraliser la suspicion qui frappe quelquefois de vrais militants. Mais que faire devant ce folklore qui permet à des groupes d’individus de se présenter avec pour programme national…..le soutien général, indéfectible et sans conditions au programme du président en y ajoutant la promesse de marier les Algériens. Il faut le faire.
Mais quel que soit le comique de la situation dont on a envie de pleurer tellement, nous atteignons un degré d’inconscience chez ces «chefs de partis», seuls les Algériens ont le droit de les sanctionner par les urnes et les renvoyer à leurs papotages immatures. Interdiction des listes indépendantes, interdiction de se représenter pour les partis qui ont obtenu moins de 4% des voix, le ménage risque d’être expéditif et radical.
Je ne vois pas dans les conditions inéquitables actuelles quels sont les partis qui peuvent atteindre les 4% en dehors de deux ou trois formations en dehors de la coalition présidentielle. En fermant le paysage politique après l’avoir sciemment pollué, le pouvoir s’engage dans une direction dangereuse. En étouffant encore plus l’expression des mécontentements, il pousse à l’explosion à terme.
Explosion que tous les observateurs prédisent au vu de la crise profonde qui ronge le pays et dont les harragas ne sont que l’expression radicale du désespoir qu’elle engendre. Provoquer une nouvelle secousse pour vider l’abcès et tenir le pays par le chantage au chaos ? Cela a déjà marché. Cela marchera-t-il toujours ?
MOHAMED BOUHAMIDI