Mourir pour une fiction
Les USA et Israël avaient déjà débloqué des fonds pour aider Mahmoud Abbas à avoir des… armes. C’était à la veille des accords de Riyad entre Hamas et le Fatah, entre présidence de l’Autorité et gouvernement Hamas issu de la majorité électorale, entre deux entités d’une fiction politique. Personne ne croyait sérieusement à un accord durable tant que restait en poste Mohamed Dahlane, responsable des services de sécurité de l’Autorité et grand ami empressé des Israéliens toujours cité pour son rôle opaque dans les rapports sur la corruption.
De connivence avec Israël, l’homme avait été de tous les coups tordus contre Yasser Arafat et une série documentaire nous a montré les détails de la trahison qui a isolé puis fait tomber le vieux lutteur palestinien. Elle nous a surtout montré l’empressement de l’homme à s’attacher l’“amitié” de Sharon. En le maintenant en poste à la tête des services de sécurité alors que les dirigeants du Hamas, dont Khaled Machaâl, le récusaient nommément, Abbas préparait l’affrontement qui vient de se produire. Aussitôt Israël et les USA assurent Abbas de leur soutien, vont débloquer une partie des taxes douanières retenues par Israël et estimé à 700 millions de dollars par les Palestiniens et entre 300 et 400 millions de dollars par les Israéliens.
Les Européens leur emboîtent le pas immédiatement en parlant d’allégement des sanctions pour le nouveau gouvernement nommé par Abbas dans la foulée de la proclamation de l’état d’urgence. Rice a appelé Abbas et Olmert doit rencontrer G. W. Bush cette semaine pour décider des mesures à prendre, y compris un isolement plus grand de la bande de Ghaza et la fermeture du passage vers l’Egypte. Israéliens et Américains ne cachent pas leurs buts en débloquant de l’aide : montrer aux Palestiniens que seule la modération paye et que leur futur choix est tout indiqué s’ils veulent manger à leur faim. Ils sont en passe de réaliser leurs buts. Ceux qui ont aidé à liquider Arafat pour des raisons encore inavouables peuvent encore aider à liquider toute idée de la résistance, laissant aux islamistes le monopole de sa représentation.
MOHAMED BOUHAMIDI
