Qui est en droit d’en juger ?

Le président de l’APN vient de confirmer les craintes nées des déclarations de Belkhadem et Ouyahia sur la révision de la loi électorale. Au cours du débat animé dans l’émission “Tahaoulete”, il a préconisé “des mesures contre les partis sans ancrage”.

Il ne faut pas être sorcier pour deviner qu’il s’agit de préparer un tour de vis contre tous les “petits partis”. Tout comme les chefs de la coalition présidentielle, il entretient la confusion entre petits partis et le folklore politique qu’il organise lui-même à chaque élection.

l s’agirait, donc, au vu d’une élection de faire disparaître un parti que le pouvoir juge non représentatif. Avec cette logique, le pouvoir reprend à son compte une des ruses islamistes : la dernière élection est celle qui les porte au pouvoir. Après cela, sera le règne de la loi de Dieu qui est par essence au-dessus des hommes et de leur souveraineté. Sauf que dans ce cas de figure, le mandat limité dans le temps qui est donné à la coalition se transforme en mandat permanent puisque par définition, toute opposition est minoritaire… Sinon, elle serait au gouvernement.

Quelle astuce grossière utilisent les Ouyahia, Belkhadem et Ziari pour se donner le droit d’éliminer des partis politiques naissants ou encore en développement ? Celle de se transférer la souveraineté populaire. En principe, c’est le peuple qui sanctionne les partis : il leur donne des voix ou les leur refuse. C’est le peuple et au peuple, seul, de décider qui doit accéder au pouvoir ou non.

Et, toujours en principe, cette délégation de pouvoir est limitée dans le temps : quatre ou cinq ans au bout desquels tout le monde doit se représenter devant les électeurs. Avec leur système, certains partis ne peuvent plus jouir de ce droit constitutionnel. L’affaire est grave. Le pouvoir s’arroge le droit qui revient au peuple de sanctionner les partis.

La démarche est aussi immorale, car pour juger à chances égales les partis politiques, il faudrait que ces derniers disposent des mêmes droits et des mêmes chances de faire connaître leurs idées, leurs programmes, leurs démarches. L’unique moyen pour ce faire est l’accès équitable à la télévision et à la radio financés par les taxes payées par tous les citoyens de tous les bords politiques.

La radio et la télévision ne sont pas financées par leurs citoyens FLN, RND ou MSP pour ne donner la parole qu’à ces partis et nous donner le change 15 jours tous les quatre ou cinq ans. C’est également immoral parce que ces partis de la coalition présidentielle ne peuvent pas se prévaloir d’un ancrage solide. Aux législatives, le FLN a recueilli moins de 9% des voix du corps électoral, le RND moins de 5% et le MSP moins de 3 %. Avec ces scores, ils gouvernent en tant qu’infime minorité et comme infime minorité, ils veulent faire taire d’autres Algériens. Vraiment, qui a le droit de juger à la place du peuple ?

MOHAMED BOUHAMIDI

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