LES COULEURS DE L’URNE !
Un 3e mandat présidentiel ?
Louisa Hanoune ne s’est toujours pas prononcée
Entre deux élections, entre une législative remportée par les citoyens et une communale dont Dame Louisa n’a pas encore fixé avec précision le jour du déroulement, on peut se poser une question tout à fait neutre, dénuée de toute arrière-pensée et bonne pour la pédagogie générale : pourquoi une urne algérienne ne peut pas être transparente ?
S’agit-il d’un problème de matière première ? Je ne pense pas. Des centaines de milliers d’enfants font fabriquer chaque jour des boîtes en plexiglas et les utilisent comme présentoir pour le pop-corn, les « m’hadjeb» ou les cigarettes. Et ces boîtes sont transparentes, même si elles gagneraient parfois à voir leurs parois nettoyées de la crasse des chiures de mouches et des gaz d’échappement des véhicules.
Mais alors, s’il est possible de fabriquer des contenants de forme cubique et dont les parois sont transparentes, pourquoi n’y a-t-il toujours pas d’urnes transparentes dans les élections algériennes ? Des sociologues issus de l’école de la régression féconde affirment qu’une urne transparente risquerait de heurter fortement le sens poussé et exacerbé à l’extrême des Algériens pour la discrétion, la « soutraâ».
L’Algérien est adepte des emballages opaques, des paquets peints et des couffins Bi-Tressés qui ne laissent rien filtrer. Cette tendance maniaco-dépressive à cacher ses courses se retrouverait donc chez le régime de bananes qui nous gouverne. Lorsqu’il va aux courses le jour des élections, il préfère, en bon Algérien, les faire dans des urnes bien opaques, peintes en multicouches résistantes à l’eau, aux larmes et au mauvais œil.
Face à cette école sociologique, il y a enfin le club très ouvert des pragmatiques abstentionnistes. Selon le dernier recensement mené le 17 mai 2007, ils seraient 2 Algériens sur 3 à faire partie de ce club. Et selon cette majorité qui préfère aller à la plage un jeudi électoral, préparer le repas, doucher les enfants avant de ne pas aller voter, l’absence d’urne transparente à une élection algérienne ne s’explique pas. Elle se combat.
Mais bien évidemment, cet avis n’engage pas tous les citoyens algériens, tout le peuple, mais seulement ces 2/3. Ce qui en soit, dans la logique opaque du régime est totalement insignifiant. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
Hakim Laâlam