Comment faire du vieux avec du vieux
Le faible taux d’intérêt des Algériens pour les élections va donc accoucher d’une petite souris grise, ni blanche ni noire, petit rongeur malin qui se faufile là où logiquement rien ne peut passer. Pas de changement de majorité à l’Assemblée, mais un nouveau gouvernement relifté, un Exécutif exécutant qui va étrangement ressembler à l’ancien gouvernement.
Les inamovibles seront reconduits, comme le ministre de la police et des produits dérivés, celui des grands chantiers et des applications pratiques ou celui du pétrole, du gaz, de l’eau, de l’air et de toutes les matières absolument nécessaires. Les incassables resteront à leur place, à l’image de Boubekeur Benbouzid à l’Education, qui vient de déclarer qu’il tablait « sur un score de 80% à l’examen de 6e ».
Soit un score meilleur que le FLN, le RND et le MSP réunis à l’Assemblée, d’autant qu’à l’APN, le niveau de scolarité n’est pas très élevé. De son côté, le président de la République, pour ne fâcher personne, va probablement s’entourer d’une foule de ministres conseillers qui coûteront très cher au contribuable, pour des résultats très discutables.
Le reste restera en l’état, c’est-à-dire que rien de fondamental ne va changer. Ni dans la distribution de la rente, dans les parts de gâteaux attribués, dans l’équilibre des familles au pouvoir, dans les attitudes de façade ou les mentalités de gouvernance. Car malgré tout ce qui s’est passé, dit, négocié, réformé, coulé, fait, refait, défait et surfait, le constat est bien là, tenace devant les slogans, inoxydable devant les promesses. La vie est toujours aussi chère, faisant du pays l’un des plus coûteux de sa région. Les logements hors de prix et le chômage toujours aussi dur. Logiquement, tout devrait changer. Mais non, on ne change pas une équipe qui perd.
Chawki Amari