La bonne loi

Le gouvernement algérien a décidé de consacrer 1,2 milliard d’euros pour la relance de la recherche scientifique. Un financement étalé sur cinq ans et qui permettra au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique en partenariat avec l’Association des compétences algériennes (ACA) de faire appel aux services de notre matière grise à l’étranger pour des projets précis.

Au total, 34 programmes de recherches ont été retenus et les premiers connaîtront leur lancement d’ici la fin de l’année en cours ou au plus tard au début de l’année qui suit. Ainsi, l’Etat algérien semble s’être fait une raison et a revu ses ambitions à la baisse. Plus pragmatiques, on n’escompte plus, comme ce fut longtemps le cas dans le passé, un retour au bercail de nos cerveaux fugitifs.

On fait appel à eux comme on aurait pu faire appel à des étrangers. Mais on les avantage parce qu’ils sont de chez nous ; sans trop savoir qui sont-ils et combien sont-ils exactement. Peut-on dire qu’ils seront aussi désintéressés que les membres de l’ACA établis en Algérie ou à l’étranger ? «Nous ne voulons ni salaire, ni emploi, ni maison, ni aucun autre privilège.

Nous demandons seulement qu’on nous ouvre les portes», affirmait son président Mohamed Boudjelal lorsqu’il expliquait, il y a quelques mois, que seul le désir d’«aider le pays» motivait l’ACA. Mais de nos jours, combien sont-ils les politiques qui peuvent apprécier à leur juste valeur de tels propos ? Et combien sont-ils les responsables qui sont prêts à prendre l’initiative et à «ouvrir les portes» ?

La triste réalité dit que malgré les cris d’alarme permanents sur la fuite des cerveaux, non seulement rien n’était fait mais certains hommes politiques n’hésitaient pas à taxer de mauvais patriotes les compétences qui choisissaient de s’expatrier. Bien que dans pas mal de cas ce soit justement la mauvaise gestion, voire l’inconscience criminelle qui a été en partie la cause de la démoralisation de nos diplômés et de leur émigration parfois à contrecœur.

Et pas une seule fois l’Algérie n’a donné l’impression de travailler réellement à mettre en place les conditions favorables à un retour des compétences qu’elle a formées avec ses propres sous et qui vont à l’étranger contribuer à l’essor d’autres économies. Il a fallu attendre que le président Bouteflika promulgue en février dernier une loi qui consacre la recherche scientifique et le développement technologique en tant que «priorités nationales».

Une loi qui devrait pouvoir aider à réduire grandement la fuite des cerveaux, à défaut de la stopper totalement. A condition qu’elle bénéficie de toute la considération auprès de l’Etat. Car par le passé, il y a bien eu des cas d’Algériens qui avaient tenté le retour pour vite repartir parce que les situations étaient frustrantes. L’informel, la «tchipa», la corruption et toutes les autres nouveautés lucratives dévalorisent le diplôme et ne participent pas à créer un environnement propice.

Le but principal de l’ACA étant de contribuer au développement scientifique, technologique, économique et culturel de l’Algérie, doit-on exiger d’elle de mettre aussi fin à l’informel, à la tchipa et à la corruption ?

Mohamed Zaâf

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