Un enfant, un arbre (2)
Je n’ai pas bien suivi l’affaire, mais je l’ai reçue comme on reçoit une ondée fraîche un jour de canicule. Et le comble, c’est que je n’ai pas cherché à m’informer sur les conditions de déroulement de l’opération «Un enfant, un arbre».
Je pense toutefois qu’elle se déroulera, selon toute logique, en collaboration avec le ministère de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et du Tourisme qui est le premier concerné et intéressé par un puissant mouvement qui apportera huit millions de nouveaux arbres, (enfin d’espoirs d’arbres) dans un parc lamine par la sécheresse, les incendies volontaires ou accidentels et l’incivisme et la négligence, tous réunis dans une coalition qui, tels les chevaliers de l’Apocalypse, ont décidé de gommer la bande verte du littoral et de ramener le désert au bord de la Méditerranée.
Il va sans dire que le concours du ministère des Ressources en eau est incontournable si l’on juge par l’indisponibilité du nerf de la guerre contre la désertification: l’eau.
Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural sera sans doute (si le courant passe bien entre les titulaires des divers portefeuilles) précieux pour les conseils, sur les choix des essences, des sites, la confection des terreaux…Car on ne saurait répéter les erreurs du passé (et elles sont nombreuses)!
L’expérience a montré qu’il faut varier les espèces d’arbres sur un même site afin d’éviter la propagation des maladies propres à une essence. Il ressort souvent qu’une espèce possède l’antidote d’un parasite déclaré sur une autre. Il est aussi clair que certains sites sont plus conseillés que d’autres: on ne saurait planter un eucalyptus dans une zone aride et un acacia dans un marécage, alors que l’inverse est beaucoup plus conforme à l’orthodoxie.
Virgile, dans ses conseils poétiques et pédagogiques Les géorgiques conseillaient souvent de planter les espèces qui ont fait leur preuve dans la région même.
Alors, on peut bien espérer des milliers d’oliviers qui deviendront des arbres massifs aux troncs noueux, des milliers de figuiers aux silhouettes fantasques et à l’ombre providentielle, des milliers de platanes majestueux, une centaine de variétés de chênes aux profils multiples, des saules alanguis, des grenadiers touffus, des micocouliers, des ormes, des acacias et sans oublier bien sûr, l’ombrageux et mythique caroubier. Il va sans dire qu’il ne suffit pas de planter. Encore faut-il un suivi, arroser aussi souvent que possible et surtout soumettre le jeune plant à une discipline vigoureuse: l’assujettir à un tuteur afin qu’il pousse droit, enlever les mauvaises herbes et les ronces qui risquent de le gêner dans son développement…
Ainsi, le jeune garçon qui rentre à l’école, sera l’objet des attentions de la famille, du corps enseignant et des pouvoirs publics qui gèrent l’environnement social.
Il ne suffit pas d’acheter un cartable, des cahiers et des livres pour que son succès soit assuré. Il faut le suivre attentivement jusqu’à l’âge d’adulte, lui ouvrir les portes que son mérite lui permet d’attendre et lui donner une formation professionnelle et un emploi. Autrement, il devient marchand dans l’informel, délinquant dans les milieux interlopes, ou terroriste.
Selim M’SILI