Sur du velours…

En réussissant la remarquable prouesse de faire adhérer à sa démarche les partenaires sociaux, centrale syndicale et patronat, plus exactement le FCE, force la plus représentative, Ouyahia s’épargne nombre de conflits inutiles. Ceux-ci, sous forme de grèves ou de menace de clefs sous le paillasson, donc de licenciements, ne s’érigent presque jamais en facteurs réellement bloquants, mais accaparent l’énergie gouvernementale à dialoguer et à calmer le jeu, au détriment d’autres tâches plus importantes ou urgentes.

D’une pierre faisant deux coups, il avait, lors de sa rencontre avec le FCE, réconforté les entreprises algériennes quant à l’intérêt, voire le soutien que leur accorde l’Etat et sur la lancée, il a rassuré quant à la volonté de l’Etat de ne pas céder toutes les parts du secteur éponyme, désir amplifié par le SG de l’UGTA qui y voit, et à juste titre, d’abord une garantie pour le maintien des emplois.

Il y a certes le pacte économique et social qui balise déjà les relations entre gouvernement et partenaires sociaux, mais il est incontestable que ce climat d’entente ne peut que favoriser la consécration entière de ces trois parties à l’objectif commun, le développement. Cette atmosphère de paix sociale permet au gouvernement de «jouer sur du velours», sans déviation temporelle de ses plans et programmes, ce qui, par contre, lui soustrait la moindre excuse ou prétexte quant au respect des délais et échéances s’agissant de la réalisation à terme de tous ses projets.

Lorsque le trio patronat- syndicat-gouvernement marche, tout devrait marcher normalement, sans accroc. Cependant, si tout citoyen normalement constitué, même s’il n’est pas habité par le démon du patriotisme économique, ne peut qu’adhérer pleinement à la position de soutien à l’entreprise algérienne, surtout celle qui investit de façon productive et créatrice d’emploi, il est également fondé à mettre un bémol à l’euphorie qui semble gagner les décideurs quant au confortement, voire un retour en force, du secteur d’Etat.

Ce serait évidemment une excellente chose que de réactiver un secteur économique donné, s’il ne traînait les tares qui sont les siennes et qui lui collent à la peau telle une infâmante identité, budgétivore, déficitaire, improductive et, pour ceux qui appellent un chat un chat, parasitaire. Aucun secteur économique, quelle que soit d’ailleurs sa nature juridique, publique ou privée, n’a pour vocation autant de défauts à la fois. C’est donc une question de choix des dirigeants d’entreprise et de managers, et surtout une question de mentalité et d’état d’esprit, le concept même de secteur public étant devenu synonyme d’être payé sans contrepartie.

S’il faudrait réhabiliter la société nationale en tant que moteur de la croissance, c’est à cette mentalité anachronique dans le monde moderne qu’il faudrait s’attaquer, en lui substituant l’obligation de résultat, le cahier des charges et le contrat de performance. A l’impossible nul n’est tenu, alors autant ne pas tenter de réveiller un secteur moribond, c’est-à-dire de maquiller un cadavre.

NADJIB STAMBOULI

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