Huit millions de pousses

En cette orée de rentrée scolaire, l’Etat a investi le champ métaphorique en optant pour une action collective à haute charge symbolique, la plantation, entre mi-septembre et fin mai, de huit millions d’arbres fruitiers par autant d’élèves. Joli, non ? Comme le souligne le slogan d’accompagnement de cette opération, c’est un double cadeau, pour la nature et pour l’élève.

C’est donc sous le signe de la fertilité de la terre qu’est placée cette saison scolaire, et l’initiative est à saluer, pour peu que l’ancrage de la chose écologique dans les mœurs des potaches soit suivi et soutenu durant tout le cursus, et ne soit pas, a contrario, synonyme d’une campagne de reboisement, par nature sans lendemain ni effet durable.

Outre cette préoccupation, vitale au sens propre du terme, qui va auréoler écoles, collèges et lycées, l’année scolaire promet de voir s’injecter ce dont tout parent d’élèves doté de raison rêve, l’outil informatique dans les classes, dans les programmes et dans les mentalités. Sur ce registre, notre pays accuse un certain retard, voire un retard certain, mais on peut affirmer avec conviction et certitude qu’il sera rattrapé. D’où nous vient cette assurance ? Deux exemples au moins fournissent matière à étayer cette «thèse», à savoir le mobile et l’Internet, deux secteurs dans lesquels on n’était pendant des années même pas bons derniers, mais carrément non classés, et sur lesquels l’Algérie a enregistré une croissance d’abonnements absolument fulgurante, rattrapant ainsi son retard et dépassant de loin les pays de référence similaire.

L’arrivée de l’informatique dans l’école jouit d’un soutien de poids à valeur décisionnelle, celui de Bouteflika qui, par ailleurs, n’a pas manqué d’insister sur l’importance à accorder aux filières scientifiques à l’université, lors de la réunion-bilan consacrée au ministère de l’enseignement supérieur. Aujourd’hui donc, c’est le grand évènement de l’année pour au moins trois catégories d’Algériens, les parents d’élèves, leurs enfants et les enseignants, ainsi que les responsables centraux et locaux de l’Education nationale.

Par-delà la salve de chiffres, toujours éloquents et même impressionnants sur les nombres d’élèves, nouvelles classes, manuels, etc., la rentrée scolaire est traversée à chaque édition par un faisceau de questionnements charriant autant d’éléments d’angoisse, tant sur le déroulement de la journée en elle-même que sur la poursuite des conditions d’enseignement jusqu’à la veille des vacances, en passant évidemment par la période d’examen.

Cet accès d’anxiété généralisée, même s’il n’est formulé clairement, tient à la conscience que tout, absolument tout, se joue à l’école. C’est là qu’on forme les hordes de chômeurs, mais aussi les cadres de demain, c’est là qu’on forme des cancres mais aussi de brillantes éminences grises, c’est là qu’on forme des contingents d’intégristes fanatiques mais aussi des diplômés habités par la science, l’ouverture au monde technologique et les références de modernité. C’est sur ce dernier volet que l’option des pouvoirs publics semble avoir été résolument orientée. On a les orientations, on attend le palpable.

NADJIB STAMBOULI

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