Le troisième mandat version russe

Si le scénario «Poutine» s’avère vrai, il confirmera également qu’il ne faut jamais «lire» un Bouteflika ou un Ouyahia au premier degré. L’histoire du plan quinquennal incluse.

Cette histoire de plan quinquennal 2009-2014 qu’évoque le Président Bouteflika à chaque ministre auditionné en ce mois de Ramadhan fait des gorges chaudes dans les salons algérois. Pour la plupart c’est la preuve qu’il va rempiler pour un troisième mandat. Et comme pour mieux convaincre, il y a ceux qui rajoutent les augmentations de salaires des députés. Des augmentations qui n’auraient, selon eux, pas d’autre but que de faire passer la révision de la Constitution.

En clair, Bouteflika aurait par là, acheté leurs voix. Donc et depuis la première audition qui fut celle de Karim Djoudi, ce n’est plus que discussions et commentaires sur la manière dont se déroulera la révision de la loi fondamentale. Très peu parlent de réferendum, la majorité a admis que ce sera par voie parlementaire. Surtout depuis les salaires à 27 millions des députés. Ceci pour ce qui se dit le plus. D’autres voix, en cercle plus restreint, développent un tout autre scénario plus alambiqué mais tout aussi plausible pour avoir réussi sous d’autres cieux. Un scénario où tout l’art est de garder le pouvoir en faisant semblant de le rendre. Un scénario qui fonctionne à merveille en Russie avec le duo Poutine-Medevdev. «Et pourquoi pas un duo Bouteflika- Ouyahia en Algérie», disent ceux qui évoquent le scénario?

Il est vrai que rien ne s’oppose à un tel cas de figure. L’excellence de la relation qu’entretiennent Bouteflika et Ouyahia, milite pour une telle complicité. Surtout, quand, au final, il s’agit de la sauvegarde du pays. Une complicité qui voudrait que le duo actuel à la tête des affaires du pays, opère simplement une permutation.

C’est-à-dire qu’en 2009, Ouyahia prenne la présidence de la République et Bouteflika le Premier ministère. Pourquoi pas? Nul besoin donc de révision de la Constitution pour l’heure. Au lieu que ce soit un troisième mandat pour Bouteflika seulement ce sera le troisième mandat du duo Bouteflika-Ouyahia. D’ailleurs, la paralysie qui affecte actuellement nos hommes politiques, surtout les éventuels candidats à la présidence de la République (Il y en a plus qu’on ne le croit), risque de leur causer des torts s’ils persistent à ne pas se déclarer. Le but précisément du tandem serait de maintenir le suspense jusqu’à l’extrême limite de l’ouverture de la campagne électorale.

A ce moment-là et de tous les candidats qui, surpris par le retrait de la candidature de Bouteflika, surgiront, le candidat Ouyahia aura été le seul à avoir eu une présence constante sur la scène politique de par ses activités gouvernementales. Ce qui le créditera d’une bonne longueur d’avance sur ses concurrents. Dans le flot des commentaires on entend rappeler, comme pour mieux comprendre le présent, qu’Ouyahia n’a jamais cessé d’apporter son soutien au Président Bouteflika et à préciser qu’il ne se présentera jamais contre lui. Il l’a dit le jour même où il venait d’être remercié de son poste de chef de gouvernement par le chef de l’Etat. Tout le monde se disait étonné qu’il puisse encore être fidèle à quelqu’un qui le «renvoie». Son rappel aujourd’hui prouve qu’il n’a jamais été renvoyé d’une part, et que, d’autre part, l’entente entre les deux hommes est totale. Tous les deux se mettant au service exclusif du pays et transcendent leurs personnes. Présenté ainsi, le scénario tient la route. Déroulé comme il semble l’être, il est encore plus génial dans les dommages collatéraux qu’il entraîne pour tous les candidats qui attendent la révision de la Constitution afin de se prononcer. Qui perdent ainsi un temps précieux. Si ce scénario «Poutine» s’avère vrai, il confirmera également qu’il ne faut jamais «lire» un Bouteflika ou un Ouyahia au premier degré. L’histoire du plan quinquennal incluse.

Zouhir MEBARKI

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