L’injustice

Le rôle de l’ONU a souvent été décrié durant sa longue existence à propos de la gestion de certains conflits qui relèvent hélas, du rapport des forces entre les grandes puissances. Si De Gaulle souvent rabroué par cette organisation l’a qualifiée de «machin», l’administration américaine a déclaré avec cynisme, par la voix de son ambassadeur John Bolton, qu’elle n’existait que pour servir les intérêts des Etats-Unis.

D’ailleurs, l’Amérique comme Israël s’asseoient carrément sur les résolutions qui sont contraires à leurs intérêts. Cependant, le rôle de l’ONU est éminemment positif quand on considère l’énorme travail réalisé par les organisations qui en dépendent (Unicef, FAO, OMS…). Quand elles n’interviennent pas directement sur le terrain, ces organisations réalisent des études objectives, détachées de toute orientation idéologique, et donnent une image fidèle de la réalité économique et sociale de la région ou du domaine étudié.

Une récente publication de l’OMS, mise en valeur par un article paru dans Le Monde Diplomatique, montre l’injustice flagrante et criminelle qui existe dans le monde. L’injustice sociale s’entend. Cette étude montre que les conditions de vie sont des facteurs déterminants dans l’espérance de vie des populations et que ces facteurs sont liés à la nature même des régimes en place. Si la différence est criante entre pays riches et pays pauvres (accès à l’eau, à l’éducation, au logement, aux soins…), elle est souvent plus scandaleuse à l’intérieur d’un même pays où l’espérance de vie d’un bourgeois qui habite dans un quartier huppé est supérieure de vingt-huit ans à celle d’un pauvre vivant dans la même ville, mais dans une banlieue déshéritée.

En France, un retraité aisé vit facilement en moyenne cinq années de plus qu’un retraité qui a des difficultés financières. Mais les différences n’existent pas seulement dans les catégories sociales. L’étude révèle des différences dans les sexes. Les femmes sont désavantagées par rapport aux hommes à cause de la mauvaise répartition des facteurs.

Cependant, il est indubitable que la nature des régimes peut accentuer ou atténuer ces différences. Ainsi, tout le monde s’extasie devant les performances de l’économie chinoise alors que c’est le pays où s’élargit le plus vite le fossé entre riches et pauvres.

Or, tout équilibre social est sujet au sentiment d’injustice ou de justice que ressent le citoyen. Ainsi, on a vu dans notre pays des émeutes ou des désordres apparaître à l’occasion de la publication d’une liste de bénéficiaires de logements. La frustration, le sentiment de frustration est souvent à l’origine de révoltes et de révolutions.

La mauvaise qualité des soins, de l’éducation, les quartiers périphériques abandonnés à l’incivisme contrastent avec le comportement d’une catégorie de citoyens qui se soignent à l’étranger, y envoient leurs enfants et habitent des quartiers huppés où l’hygiène et l’ordre sont les maîtres mots. Certains commentateurs lient même les regrettables incidents de Sidi Aïssa aux sentiments d’une population frustrée.

En France, une mère de famille de 33 ans s’est défenestrée en apprenant qu’elle allait être expulsée de son logement. «L’un mange, l’autre regarde: c’est ainsi que naissent les révolutions.» Albert Camus, L’homme révolté.

Selim M’SILI

Comments are closed.

intelligence artiste judiciaire personne algériens pays nationale intelligence algérie artistes benchicou renseignement algérie carrefour harga chroniques économique chronique judiciaire économie intelligence chronique alimentaire production art liberté justes histoire citernes sommeil crise alimentaire carrefour économie culture monde temps
 
Fermer
E-mail It