Des mots en bourek

C ’est connu, à part acheter à manger, il n’y a pas grand chose à faire pendant le Ramadhan et il est hors de question de travailler ou d’entamer un plan de carrière. Pour occuper son temps, ou du moins celui qui le sépare de son propre lever au coucher du soleil, un ami n’a pas trouvé mieux que de compter les mots particuliers d’une émission diffusée par une radio nationale prise au hasard. Il a compté, en une heure d’émission, 180 « inchallah » et 120 « saha ftourek » venant autant des animateurs que des auditeurs.

Il a ensuite calculé que si l’on enlève les 20 minutes consacrées aux chansons et les 10 minutes de publicité qui entrecoupent ce rythme infernal, cela donne 6 « inchallah » et 4 « saha ftourek » à la minute. Notre ami, jeûneur, est bien sûr allé plus loin.

En comptant 1 seconde pour prononcer le mot « inchallah », 2 syllabes, et 2 secondes pour le « saha ftourek », 4 syllabes, il s’est aperçu qu’en 30 minutes de parole, 7 minutes ont été consacrées à répéter ces mêmes mots. Ce n’est pas énorme mais en une journée, cela donne 5,6 heures, en une semaine 39,2 heures, soit plus d’une journée et demie, et surtout en un mois de Ramadhan près d’une semaine de temps plein est consacrée à ne rien dire.

On le sait, l’argent du contribuable sert surtout à fabriquer du vide mais rappelons que « inchallah » veut dire « si Dieu le veut » et « saha ftourek » signifie en gros « bon appétit ». Si Dieu fait vraiment ce qu’Il veut, a-t-on besoin de le rappeler sans cesse ou justement, est-ce Dieu qui veut qu’on dise tout le temps « si Dieu le veut » ?

Et surtout, quand on ne mange pas de toute la journée, a-t-on vraiment besoin d’avoir un bon appétit pour manger et a-t-on réellement le besoin de souhaiter un bon appétit à chacun et à chaque minute sous forme d’encouragement au cas où l’appétit viendrait à manquer ? Saha ftourkoum inchallah.

Chawki Amari

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