Coup de bluff

On s’embrouille dans les chiffres à Genève où se tient la réunion de la dernière chance dans une tentative de sauvegarder le cycle de Doha, qui n’arrive pas à conclure après sept années de négociation. En fait, la bataille se déroule essentiellement entre les pays industriels du Nord et les pays émergents du Sud menés par leurs chefs de file, le Brésil et l’Inde notamment.

Ces derniers ne veulent plus céder sur leurs droits et font fi du chant des sirènes occidentales d’autant plus que les Etats-Unis et l’Union européenne, les deux principales puissances économiques mondiales, ne cèdent rien sur le fond mais attendent des concessions de la part des jeunes puissances émergentes du Sud. L’un des points d’achoppement les plus importants, demeure celui des subventions que les pays développés accordent à leurs agriculteurs, ce qui met en porte-à-faux l’agriculture des pays en développement.

En fait, la crise actuelle induite par la flambée des prix des denrées alimentaires, a mis en exergue la fragilité des pays en développement fortement inquiets pour la sécurité alimentaire de leurs populations. Or, ceux qui préconisent le maintien des subventions, estiment impératif d’assurer l’indépendance alimentaire des pays du Nord. En réalité, il s’agit pour les Occidentaux de perpétuer leur monopole de la production agricole, par le maintien des pays du Sud dans une dépendance qui met gravement en danger leur propre souveraineté. A Genève, au coup de poker des uns, répond le coup de bluff des autres.

Alors on joue sur les mots et les Occidentaux, notamment, font des promesses immédiatement contredites par des demandes qui relativisent leurs serments. C’est ainsi que le chef de la diplomatie brésilienne, Celso Amorim, qui affirmait déjà qu’«à force d’être répété, un mensonge devient vérité», revient à la charge et estime que l’annonce faite par le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, d’une baisse de 60% des droits de douane que l’UE perçoit sur ses importations agricoles, «(…) n’est qu’un gadget statistique».

Après avoir longtemps tourné autour du pot, les acteurs des négociations du cycle de Doha, en sont enfin venus à aborder les deux secteurs-clés des discussions: l’agriculture et les produits industriels. Pour découvrir, surtout, le fossé abyssal existant entre les nations du Nord et du Sud en la matière. En fait, la seule préoccupation des pays industrialisés est le maintien des marchés de consommation que sont les pays du Sud, comme la recherche de débouchés nouveaux pour leurs productions. Ce que les pays du Sud refusent absolument.

Ces derniers veulent instaurer un équilibre qui leur permette d’avoir leur part dans la croissance et le progrès, pour parvenir à un développement durable partagé. Ce qui reste, en fait, comme essentiel pour les pays émergents, l’enjeu et le but premier des négociations du cycle de Doha. Aussi, ces derniers, qui considèrent que les Occidentaux n’ont rien présenté de nouveau à Genève, estiment que la balle est toujours dans leur camp.

N. KRIM

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