Que reste-t-il du maire ?
Les 1 541 maires d’Algérie vont se rencontrer durant trois jours. Le rendez-vous sera d’autant plus important qu’il les mettra face au président de la République.
Les deux parties constituent, chacun à sa dimension, l’élément essentiel de la vie de tous les jours ; les maires parce qu’ils sont l’émanation d’un suffrage populaire représentatif de leur ancrage au sein de la société ou du moins des électeurs de leur camp même si, une fois intronisés, toute coloration partisane ou politique s’oblitère d’elle-même. Monsieur le maire étant donc a posteriori désigné pour agir au nom de toute la population sans exclusive.
Cette notion d’exercice d’une charge élective populaire est aussi présente au plus haut sommet de l’Etat et est donc incarnée par le président de la République qui est tout aussi l’élu de ceux qui votent, de ceux qui ne votent pas et/ou de ceux qui doutent. Elle est évidemment plus importante quoique diffuse, contrairement à la mission qu’endossent les maires dans leurs communes respectives en ce sens qu’il s’agit, dans l’organisation administrative, du noyau arbitrairement perçu comme un détail dans la politique de développement général et en réalité essentiel.
C’est certainement, la raison pour laquelle Abdelaziz Bouteflika a décidé d’aller au secours d’institutions de base malmenées et d’édiles, à tort ou à raison, voués aux gémonies quand les choses ne tournent pas comme elles le devraient. Une manière sans doute de leur tendre la perche mais aussi, une fois les malentendus dissipés, les comptes soldés et les nouveaux objectifs tracés, de placer haut la barre et deux fois plus qu’à l’endroit des 1 541 maires depuis les mesures prises par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales de les accompagner par un cycle de formation ponctuelle durant leur mandat.
Toutefois, il est peu évident pour des élus plus soucieux de soigner et de préserver leur carrière personnelle que d’avoir ne serait-ce qu’un minimum d’intérêt pour les… intérêts de la population. Il est donc pratiquement certain que toutes les bonnes résolutions, qu’en aparté, ils se jureront de prendre, leur indéfectible engagement à se mettre au service des contribuables ne feront partie que d’un moment d’euphorie comme cela a été le cas au lendemain de la rencontre du président de la République avec les walis, dont le plan Marshall au bénéfice de la jeunesse est malheureusement resté dans les cartons.
Les habitants de chaque commune du pays n’auront qu’à juger leur maire sur pièces.
Au-delà de la cinquantaine d’obligations dont il a la charge, il ne lui sera demandé en sa qualité de premier édile que de «veiller à la propreté des immeubles et assurer la commodité du passage dans les rues, empêcher la divagation des animaux malfaisants et nuisibles, veiller à la salubrité des denrées comestibles exposées à la vente, veiller au respect des normes et prescriptions en matière d’urbanisme, délivrer les permis de construire, de démolir et de lotir selon les conditions et les modalités fixées par la législation et la réglementation en vigueur». Autrement dit le smic d’un cadre de vie auquel aspirent ceux qui l’ont et ceux qui ne l’ont pas élu.
A. Lemili