Lâcheté estivale

«Fi a’chena wi nechna» (Ils sont dans notre nid et ils nous en chassent), dit un proverbe algérois. Tabassés copieusement avec viols en rab à Sidi Ifni (sud du Maroc), les populations marocaines transfèrent leur colère sur les Sahraouis à Aïn Terfet, le petit port de pêche occupé dans le Oued Eddhahab, à 65 km au nord de Dakhla (ex-villa Cisneros, sur le littoral sud du Sahara occidental).
Dans la soirée de lundi à mardi, les populations sahraouies subissaient un assaut en règle.

Des milliers de colons marocains – ils sont désormais en surnombre dans plusieurs villes occupées du Sahara occidental – s’attaquaient avec sauvagerie à eux, à leurs maisons, leurs commerces et leurs véhicules. Les services de l’ordre ? Ils étaient étrangement absents de l’arène ! Lorsqu’ils ont décidé de se montrer, ils ont arrêté des… Sahraouis. Faut-il plus pour déduire que l’agression jouissait d’une bénédiction officielle ?

Mais une lâcheté supplémentaire, même si elle est énorme, peut-elle venir à bout de la volonté d’un peuple qui entend se libérer ? Sinon, conforterait-il le «réalisme» commercialisé par Peter Van Walsum ? L’expérience de l’Algérie face à la France coloniale a confirmé que les David pouvaient toujours renverser la vapeur et battre les Goliath. Et dans notre région maghrébine, les gens honorables savent que c’est Aboulkassim Echabi qui a raison et non pas Walsum.

Le président sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz, a saisi, une fois de plus, Ban Ki-moon, le SG de l’ONU, pour le mettre devant ses responsabilités. Dans sa lettre, il dénonçait la politique marocaine de peuplement et les dizaines de colonies implantées le long des côtes sahraouies. Une politique qui rappelle les nombreuses similitudes entre le Maroc et Israël.

Deux puissances coloniales qui transgressent en toute impunité le droit international alors que Rabat pille le phosphate et les richesses halieutiques sahraouies malgré les protestations et bien qu’aucun pays n’a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental qu’il occupe depuis plus de trente ans.

Pas plus tard que lundi dernier, un communiqué publié par le ministère danois des Affaires étrangères avant le raid sur Aïn Terfet, invitait les sociétés danoises à rompre toute activité commerciale avec le Maroc dans les territoires occupés du Sahara occidental. Le mois dernier, les écologistes de Greenpeace empêchaient un bateau suédois d’aller pêcher dans les eaux sahraouies. Des faits qui enseignent sur la justesse de la cause sahraouie sinon sur la sympathie qu’elle suscite en Scandinavie et ailleurs, y compris au Maroc où, récemment, un message du président sahraoui était lu à l’ouverture du congrès d’un parti politique marocain.

Des succès qui s’enchaînent mais non sans soulever l’inquiétude marocaine. Les gens du Polisario «ont réussi d’importantes percées au Maroc et une véritable razzia sur le plan international, ce que le Maroc, avec ses différents services, n’a pu réaliser dans les camps (de réfugiés sahraouis, NDLR) de Tindouf, en Algérie ou même sur le plan international», relevait un communiqué rendu public hier par l’ASM, une ONG marocaine.

Mohamed Zaâf

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