Après la crevette, la sardine

Il est de notoriété publique que depuis des décennies, la crevette algérienne est vendue en haute mer. Aujourd’hui, voilà que des individus veulent nous priver même de sardine.

«D’importantes quantités de sardines sont jetées à la mer par les pêcheurs pour maintenir le prix élevé au détriment d’une demande qui se fait de plus en plus forte», nous a appris, lundi dernier, une dépêche de l’APS. Et comme si un malheur ne suffisait pas, l’agence nous apprend que «les patrons pêcheurs se sont organisés pour partir dorénavant pêcher à tour de rôle».

Tout faire pour empêcher l’abondance. Que penser, que dire devant de tels comportements.? Devant une telle absence de l’Etat? Qui doit contrôler la pêche? Qui est chargé de réguler la production et la commercialisation? Finalement, qui fait la loi dans le milieu de la pêche? Des interrogations qui sont autant de blessures chez tous les Algériens qui en ont marre d’être les éternels otages d’une incurie orchestrée dans plusieurs secteurs mais qui devient encore plus condamnable dès lors qu’elle s’attaque à l’alimentaire.

En cette période où la crise alimentaire est mondiale. Où le gouvernement impose des plans d’urgence pour différentes denrées. La dernière en date ayant été la pomme de terre. Il lui reste à réajuster celui des céréales à la lumière de la saison moisson-battage. Il lui reste à peaufiner le récurrent problème du lait. Celui de la viande. Et on en passe.

Dans moins d’un mois et demi c’est le Ramadhan. Avec lui, les problèmes d’approvisionnement et de disponibilité des produits alimentaires seront exacerbés. En cette période de crise alimentaire mondiale, disions-nous, aucun être sensé ne peut, ne doit laisser quiconque «triturer» à sa guise une denrée alimentaire quelle qu’elle soit. Or ce que font nos sardiniers est proprement scandaleux. Mais comment leur jeter la pierre quand c’est l’absence des autorités qui incite précisément à de tels débordements.
Que de fois n’avons-nous pas attiré l’attention sur le gâchis que représentent les 1200 km de notre façade maritime très poissonneuse mais mal exploitée? Un riche garde-manger complètement négligé. Mais le gouvernement semble faire la sourde oreille. Et dire que dans le même temps, il tient des réunions sur la sécurité alimentaire, annoncées en grande pompe.

A moins que sa réponse se trouve dans la culture intensive du poisson d’eau douce dans les barrages du pays. Des cultures qui, à terme, poseront plus de problèmes au bon fonctionnement de ces barrages qu’elles ne rempliront les assiettes des Algériens. A moins de changer d’habitudes alimentaires, les Algériens n’aiment pas le poisson d’eau douce.

Il est de notoriété publique que depuis des décennies, la crevette algérienne est vendue en haute mer. Elle n’arrive que chichement au marché de la ménagère algérienne. Une pratique hors-la-loi que l’Etat a toujours laissé faire.

Tant que c’était la crevette royale, passe. Mais aujourd’hui voilà que des individus veulent nous priver même de sardine. Trop, c’est trop!

Si le gouvernement ne prend pas au sérieux un tel potentiel de ressources alimentaires, il est à craindre que le jour où la crise alimentaire, qui n’est vue aujourd’hui qu’à travers un certain prisme, celui du blé, de la pomme de terre et du lait, atteindra son point culminant, il sera trop tard pour réagir. De telles ressources ont l’indéniable avantage d’atténuer la pression lorsque celle-ci sera à son comble.
Quand bien même la crise alimentaire n’existerait pas, en quoi cela autoriserait-il le gouvernement à nous priver des produits de la pêche? Qu’y a-t-il derrière cette omerta de la mer?

A qui profite-t-elle réellement pour durer si longtemps? Et s’il est impossible d’en venir à bout, alors arrêtons les frais inutiles d’un ministère de la Pêche. Des économies avec lesquelles on pourra au moins essayer de racheter notre poisson sur les marchés d’Europe.

Zouhir MEBARKI

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