G8 : problèmes de tous et soucis de chacun

Sarkozy n’a pas laissé le soin au président Hu Jintao d’annoncer sa participation, prévisible, à la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Pékin. Il ne s’en est pas ouvert devant les caméras, mais s’est acquitté de cette tâche par un simple communiqué.

Il a même fait convoquer l’ambassadeur de Chine pour avoir, une nouvelle fois, proféré une mise en garde contre une éventuelle entrevue accordée au dalaï-lama par le président français. Tout cela pour exprimer qu’il n’y a pas que la vente de centrales nucléaires qui compte pour la diplomatie de l’Élysée. Malgré cette “concession”, Sarkozy rentre du Japon avec la confirmation de la participation algérienne, dernier pays à réserver sa réponse à l’invitation au sommet fondateur de l’UPM du 13 juillet.

Le sommet japonais du G8 n’aura donc pas été, pour les plus riches nations de la planète, l’occasion de formuler des initiatives pour réduire les effets des crises alimentaire, financière, énergétique et climatique. L’engagement pour 2050 sur la question du climat, malgré le chiffre spectaculaire de réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre, a été traité sur une perspective géologique qui n’autorise point un suivi à court terme.

Au sujet de la crise financière, Bush s’est contenté de proclamer qu’il était aussi “pour un dollar fort”, sans infirmer que c’est peut-être sa faible valeur qui fait la force du dollar. Ce sommet pouvait-il statuer en matière d’énergie, quand on sait les divergences qu’entretiennent ses membres au sujet des politiques écologique et monétaire respectives et dont dépend largement le prix des hydrocarbures ? À ces divergences s’ajoutent les effets de leur rapport litigieux aux membres du G5.

Ce ne sont donc pas les thèmes de l’ordre du jour qui auront le plus marqué le forum de l’île d’Okkaïdo : l’affrontement entre les États-Unis et la Russie au sujet du parapluie antimissile ; la compétition entre Américains et Européens au sujet de la démarche à opposer à la menace nucléaire iranienne…

Le Zimbabwe a rendu plus criant le dialogue de sourds entre les pays les plus riches et l’Afrique, guest star désormais traditionnelle du G8. Les représentants de l’Afrique, venus rappeler leurs responsabilités aux pays développés, ont été parasités, dans leur plaidoirie, par Mugabe, dernière manifestation du sous-développement politique du continent.

Sarkozy, président de l’Europe, pouvait-il accompagner les appels au soutien de l’agriculture africaine et à la libération de la circulation des produits agricoles, lui qui dénonce les positions de Mandelson à l’OMC, l’accusant de mener “l’agriculture européenne à une réduction de 20% de sa production” ? Et les chefs d’État africains peuvent-ils défendre à la fois le bien-être de leurs sujets et l’emprise personnelle qu’ils ont sur le destin de leurs peuples ?

Même s’il a confirmé la grande fracture planétaire entre sous-développement et développement, le sommet de Toyako aura tout de même permis l’expression de quelques généreuses velléités sur la gestion des risques climatiques et alimentaires. La globalisation a fait qu’il n’y a plus de crises locales.

Mustapha Hammouche

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