UPM, Constitution, suspense et évidence
Sarkozy a annoncé, hier, que Bouteflika prendra part à la réunion du 13 juillet à Paris pour le lancement de l’UPM. Il n’y aurait même pas eu de “réticences”, selon le Président algérien, mais seulement des “pourparlers”.
L’Algérie est pourtant le seul pays à avoir laissé planer le doute sur sa participation à la rencontre de Paris. Mettons donc que le suspense n’a servi qu’à donner la primeur de la décision au président Sarkozy. “Chaque chose en son temps”, avait dit le Président, après avoir reçu François Fillon, il y a deux semaines.
C’est donc pour rien que nous, la presse, aidés par la superbe d’un Belkhadem qui ne sait pas encore pourquoi il a été démis, avons tressé des motifs d’hésitation nationale. Nous le faisons souvent, d’ailleurs, parce que, pour exister nous devons faire comme s’il existait une opinion publique nationale et un devoir de communication officielle à son intention. Il nous reste à spéculer sur les concessions obtenues par ces “pourparlers” et qui ont justifié la levée de l’embargo sur la décision nationale.
Sarkozy n’a pas gardé le secret trop longtemps, pressé qu’il était de rassurer une opinion française qui, chaque jour dresse le bilan de l’avancement de chacun de ses projets de campagne.
Ce qui nous permet, à nous, d’enregistrer la normalisation de notre position dans cette affaire UPM. Et ce qui nous renvoie à nos multiples projets locaux, tous en suspens. Et principalement au projet de révision de la Constitution qui a fait couler autant d’encre que de salive, mais dont on attend toujours l’imminente annonce.
En déclarant que “la conjoncture actuelle requiert la consolidation et l’ancrage du processus de réconciliation nationale” et en proclamant qu’il est “nécessaire d’éteindre le feu de la discorde et resserrer les rangs présentement et dans le futur”, le Président laisse entendre que sa mission principale n’est pas terminée.
Un troisième mandat s’impose, non pas par simple désir de pérennité politique, mais parce qu’il correspond à l’option de consolidation d’un choix idéologique. Ce choix intègre l’impunité des terroristes comme doctrine qu’il faudra peut-être constitutionnaliser. Elle se veut irréversible, en effet : “Les portes du pardon ne se fermeront jamais devant les jeunes, enfants de cette terre généreuse, qui font preuve d’une sincère volonté de se repentir”, est-il dit dans le discours du 5 Juillet.
Si cette générosité irrévocable à l’endroit de ce type de jeunes “égarés” dans le terrorisme islamiste, elle ne concerne aucune sorte d’égarement qui s’exprimerait par une autre forme de manifestation violente : “Les appareils de l’État ne feront donc aucune concession et s’opposeront avec force et détermination à toute partie qui essaie de provoquer les émeutes, semer l’anarchie et détruire les biens publics et privés quel qu’en soit le mobile ou la couverture.”
C’est qui ne prête à aucun suspense, c’est que l’enjeu de la révision constitutionnelle est d’ordre idéologique : protéger l’islamisme d’une remise en cause de la perpétuité de la démarche de “réconciliation nationale”.
Mustapha Hammouche