Méditerranée, toute
S’il subsistait une once de doute sur la haine viscérale et la rancœur épidermique que voue l’agence de presse AFP à l’Algérie, elle a été pulvérisée hier par la navrante et infecte formule usitée pour qualifier le «oui» accordé par Bouteflika à l’invitation que lui a adressée Sarkozy pour le sommet fondateur de l’UPM. En effet, le journaliste envoyé par cette agence n’a pas trouvé meilleure entorse à l’éthique professionnelle que de puiser dans un lexique de ragots, en osant déclarer «après s’être fait tirer l’oreille pendant des mois…», à propos de l’acceptation de l’invitation par le président algérien.
Déformer les faits avec une telle désinvolture imbibée de puérile vulgarité est beaucoup moins un crime de lèse-majesté ou une atteinte à la dignité de tous les Algériens en tentant de porter atteinte à celle de leur président, qu’une preuve manifeste que le retrait d’accréditation (mais pas la fermeture de bureau) est resté en travers de la gorge de l’AFP.
Certains journalistes de cette agence de presse (qui par le passé avait construit son prestige sur le strict respect de la déontologie, sur la fidélité rigoureuse à l’information et sur une retenue et une réserve de ton qui confinaient à l’austérité expressive), non contents d’avoir, il y a quelques semaines, commis un inqualifiable délit de mensonge sur un bilan d’attentat inventé de toutes pièces, qui se sont érigés en plumitifs experts en basses œuvres et attaques contre notre pays, récidivent par cette peu glorieuse sortie.
Mais de telles provocations ne sauraient détourner les observateurs sur ce que retiendra l’Histoire de la journée d’hier, à savoir que le président Bouteflika, qui avait affirmé il y a peu «chaque chose en son temps», a finalement réservé sa réponse à celui qui lui avait adressé l’invitation, à savoir son homologue français, le président Sarkozy.
L’Histoire retiendra également ce qu’a déclaré le même Sarkozy, pourtant connu comme n’étant pas un distributeur de compliments, à savoir que l’Algérie «a un rôle central à jouer» dans la future Union méditerranéenne et que la présence de Bouteflika est «très importante» et qu’elle «est un élément décisif du succès de ce sommet».
Cette réponse favorable est un gage supplémentaire d’amitié entre les deux hommes et une preuve de plus, si besoin était, que les déclarations sur l’entretien d’un partenariat exceptionnel ne sont pas des slogans creux apposés au bas d’un parchemin protocolaire, mais une réalité concrète et tangible.
Avec ce geste de haute maturité et de transcendance de tous les préalables, ce qui n’est pas synonyme d’abandon des positions de principe, l’Algérie, à travers son président (qui, soit dit en passant, a révélé qu’il se rendra en visite d’Etat en France en 2009), prend ses responsabilités historiques en ne restant pas sur la rade au moment de la mise en œuvre d’un projet historique.
C’est cette hauteur de vue et cet évitement des petitesses qui sont désormais injectés dans le réchauffement palpable des relations entre l’Algérie et la France. N’en déplaise à l’AFP, est-on tenté d’ajouter, si ce n’était donner du grain à moudre à leurs arrière-pensées de rabat-joie.
Nadjib Stambouli