La terre désorientée

Le projet de loi sur l’orientation agricole sera en principe voté aujourd’hui à l’Assemblée populaire nationale. Une loi hypersensible puisqu’elle concerne directement la terre et ses destinations. Un sujet qui implique une partie importante de notre peuple et qui est cette fois abordé dans une conjoncture internationale marquée par une crise alimentaire aux conséquences néfastes pour les pays de l’hémisphère sud, particulièrement ceux d’Afrique.

Depuis les années 1980, les terres arables ont tendance chez nous à rétrécir. Grignotées par une urbanisation mal conduite, l’anarchie, les litiges, l’insécurité et les détournements concourent de leur côté à les rendre plus stériles. Mais plus convoitées que jamais, les terres s’orienteront sans doute au goût du jour, c’est-à-dire à droite. Mis à part cette conviction, les Algériens ne savent pas grand-chose de cette loi, bien qu’il s’agisse là d’une question étroitement liée à la facture alimentaire nationale dont le coût grimpa l’année dernière à 5 milliards de dollars.

Une honte lorsqu’on se remémore le refrain chantonné sur tous les rythmes à propos de l’indépendance et de l’autosuffisance alimentaires. Les Algériens ne savent pratiquement rien sur la nouvelle politique agricole. On ne sait pas trop si les promoteurs de la loi sur l’orientation agricole ont pris en compte ou non la sécurité alimentaire qu’on ne peut dissocier de la sécurité nationale.

Et la loi se trouve-t-elle en harmonie avec les Nations unies et leur plaidoirie en faveur d’une augmentation de l’investissement public dans l’agriculture ? «On ne peut se fier uniquement aux mécanismes des marchés pour apporter un niveau satisfaisant de sécurité économique», soulignait le rapport annuel de l’ONU, publié il y a une semaine, sur la situation économique et sociale du monde.

D’après l’étude onusienne, la pression mise sur les pays en voie de développement afin qu’ils ouvrent leurs marchés commerciaux et financiers avant de se doter de leurs fermes et d’une infrastructure rurale relevait d’une mauvaise politique. Grâce à Dieu, l’Algérie est moins sujette à ce genre de pression, mais fera-t-on en sorte de préserver l’agriculture algérienne de ses trois grands ennemis : le béton, la désertification et… l’homme ?

Mohamed Zaâf

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