Passer un 5 Juillet à attendre, pour oublier

Nous avons, une fois de plus, attendu la nouvelle. Et nous avions des raisons d’attendre, enfin… nous nous sommes donné des raisons d’attendre. Le 5 Juillet, anniversaire de l’indépendance, constituait une bonne opportunité pour l’annonce solennelle d’une initiative politique d’importance.

La dernière en date nous est offerte par le changement du gouvernement : Ouyahia, le retour 3, était sur tous les écrans et toutes les langues. C’était fait pour, n’est-ce pas ? L’achèvement de tous les chantiers en souffrance pour que le troisième mandat ne souffre d’aucun “reste à réaliser”, comme on disait au temps où l’on savait encore positiver le retard.

Le ministre de la Communication a, à son tour, confirmé la démarche spontanément saisie par l’intelligence populaire : tous les projets en attente auront abouti “dans les temps”, voulant probablement dire avant avril 2009. Parce qu’il n’y a plus de projets qui n’ont pas dépassé le temps. Le métro d’Alger, par exemple, est en retard depuis…1982 ; le tramway est sur la même voie, si l’on ose dire ; la “paix”… Mais la paix, on ne l’attend plus ; on fait comme si elle était là. Pour oublier.

Si la quête d’un “troisième mandat” et des motifs qui le justifieraient continue, les signes de la révision constitutionnelle préalable, eux, se font désirer. À moins de prendre les envies des apôtres de cette révision pour de la réalité.

Mais même là, après l’expérience de Belkhadem, mieux vaut jouer la prudence. Hier, missionnaire d’une Constitution réformée qui assurerait la pérennité de l’ordre, le voici débarqué de son perchoir médiatique de premier ministre, sans explication. Dans notre système, il n’y a que sa longévité politique qu’on ne peut pas prévoir. Le reste, on peut s’engager, puisqu’on n’est pas tenu de voir juste.

À la place des micros tendus à la “voix autorisée” qu’il fut, il n’y a plus que des oreilles déployées pour guetter sa chute du sommet du FLN. Même si, là aussi, ses camarades ne savent pas encore si l’on va leur demander de le garder ou non.

Il reste l’APN qui, dit-on, a prolongé sa session pour ne pas avoir à la rouvrir pour le vote de la révision en question. Mais Ziari, si prompt à crier la bonne nouvelle, l’aurait explicitement répandue, si tel était le cas. Parions donc que les députés attendaient, et attendent encore, comme nous.

Dernièrement, ils ont attendu le ministre des Participations pour des questions orales qui, retenu par d’autres obligations, a décidé de reporter à plus tard les réponses aux interrogations parlementaires. Si constitutionnellement, l’Exécutif est l’émanation de l’Assemblée nationale, ces libertés protocolaires renseignent sur le rapport de l’APN au… pouvoir !

Cela dit, rien n’empêche le Président de se créer l’occasion de l’annonce qu’il aura à faire. Sinon, d’autres opportunités symboliques surviendront bientôt. Le 20 Août, par exemple. Mais il faut bien que les élus prennent des vacances.

Dans tout cela, ce n’est pas d’avoir attendu qui contrarie. C’est d’avoir failli en oublier que le 5 Juillet, c’est d’abord, l’anniversaire de l’Indépendance. Et qu’il faille avoir une pensée profonde pour ceux qui sont morts pour qu’on puisse le fêter. Si nous n’étions pas occupés à attendre…

Mustapha Hammouche

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