Anonyme dénonciation

Mohammed B. coulait des jours heureux sous les couleurs de la Dgsn, lorsque…

Mohammed B. est un bel ado au corps d’athlète mais avec un faible niveau scolaire. Sa «star» préférée n’était autre que son papa, un excellent policier avec des états de service exemplaires. A force de côtoyer le papa, Mohammed a voulu entrer dans ce merveilleux corps qui donne le meilleur de lui-même.
Nous étions en 1997 et Mohammed, à dix-huit ans, ne voulait pas se débarrasser de ce rêve fou: servir au sein de la Dgsn. Mais avec son niveau, il est impossible d’y arriver.

Alors, que fait-on dans ce cas d’espèce? On commence par chercher des spécialistes du faux. Il lui fallait un bon certificat de scolarité. Il ne tardera pas à en acheter un, et un solide, juste de quoi enfiler l’uniforme bleu-ciel.

Mohammed entre dans l’école de police. Il y a apprend beaucoup de choses. De la lutte au maniement des armes à feu. Il sortira bientôt, bombant le torse.

Ses états de service qu’évoquera plus tard Maître Walid Laouar, son avocat devant cette magnifique Kirat, présidente du pénal de Bir Mourad Raïs (cour d’Alger), sont à louer. Il est même blessé à l’arme blanche lors d’une sortie en patrouille. Il fait Blida, Alger, Larbaâ.

La carrière s’annonce claire et vivifiante. Et puis plof! En 2007, à la suite d’une lettre anonyme, Mohammed B. est confondu. Il comparaît devant la commission de discipline.

Il reconnaît sa bêtise. Une année après, il est devant le tribunal en flagrant délit d’usage de faux. Samira Kirat-Aroui, domine le sujet. Elle va apprécier ce détenu qui ne s’est pas amusé à la jouer «innocent».

Mohammed B. crache le morceau et va même laisser le soin à Maître Laouar Jr de plaider une cause jouable, car ce primaire avait tant voulu faire plaisir au papa, lequel rêvait de le voir en policier exerçant noblement ce métier. Abdelkrim Bouderbali, le procureur ne trouvera point à intervenir dans ce dossier aussi clair que de l’eau de roche, n’empêche qu’il va ouvrir la bouche pour réclamer une peine de prison ferme d’un an.

Maître Walid Laouar fronce les sourcils, réajuste le rabat de sa belle et propre robe noire et va débuter un digne carrousel juste pour sauver les meubles de ce désormais chômeur ex-policier.

«Madame la présidente, vous avez devant vous un papa d’un bébé qui s’est trompé en voulant être utile à la société. Regardez-le. Il a déjà été puni par la révocation. Il a souffert une année entière entre les procédures disciplinaires et judiciaires», a dit le jovial avocat qui s’était étalé sur sa bravoure dans l’exercice de ses fonctions, des fonctions qu’il a quittées par la petite porte.

«Il ne vous reste, madame la présidente qu’à tendre une main indulgente et lui permettre de retrouver sa famille», avait alors conclu Maître Laouar qui devra attendre l’issue de l’audience pour voir son client presque jubiler, car il allait retrouver, ce mardi à seize heures vingt, la liberté.

Par la grâce du verdict qui était d’une peine de prison de deux mois assortie du sursis, Mohammed B. l’ex-policier va devoir courir dans tous les sens sauf la police, institution qui lui est désormais fermée au nez.

En tout état de cause, il reste maintenant au désormais ex-policier à savoir d’où est venue l’info anonyme le dénonçant comme étant un faussaire.

Et puis bon, une lettre anonyme reste anonyme, comme un disparu gardera à jamais le statut de disparu. Alors, Mohammed a-t-il une idée? En tout cas, Maître Walid Laouar s’en f…comme de l’an IV. Son client voulait la liberté, il l’a eue, point final.

Abdellatif TOUALBIA

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