LA COLOMBIE, FUTUR ISRAËL DE L’AMÉRIQUE LATINE ?

Très vite, le fond de l’affaire Betancourt a pris le dessus sur son aspect humain. La radio suisse romande, plutôt très sérieuse, a révélé que l’opération de libération des otages s’est construite grâce au retournement de deux membres des Farc, d’ailleurs embarqués dans l’hélicoptère. La radio affirme qu’ils toucheront vingt millions de dollars, certainement puisés de la caisse spéciale dotée de cent millions de dollars et destinés à récompenser les guérilleros repentis.

Ingrid Betancourt a été enlevée pour des raisons liées à la politique. Il est normal alors de voir son retour à la liberté entouré de politique. Pas au point de renvoyer ses souffrances personnelles — et vous les imaginez — à une sorte de justification des politiques suivies par le régime colombien. Elle-même a été nette : elle a demandé le respect des pays voisins pour la démocratie colombienne.

Du coup, l’histoire de ce pays plongé dans la tragédie depuis des décennies par des régimes inféodés aux USA est gommée avec les assassinats de milliers de syndicalistes, de paysans, de travailleurs sociaux, de religieux par les forces paramilitaires et par des escadrons de la mort. Le forcing médiatique autour de cette libération vise ouvertement à renverser une image : faire des Farc une organisation de criminels et de gangsters et du régime colombien une démocratie.

Dans le déroulement en boucle des informations et des images, un message subreptice passe : si la Colombie est une démocratie, si Ingrid Betancourt l’affirme au bout de son enfer, que sont les pouvoirs populaires élus du Venezuela, de l’Equateur, de la Bolivie et demain du Paraguay ? Des amis politiques et idéologiques des Farc.

On voit bien que le battage médiatique poursuit des buts politiques qui vont au-delà du cas Betancourt et asseoir une image d’une Colombie démocratique en butte aux agressions des Farc et de leurs amis élus ailleurs. Les ingérences colombiennes dans les affaires internes de la Bolivie, la formation par la Colombie de forces paramilitaires blanches au service des séparatistes boliviens révèlent déjà le rôle qu’on prépare à la Colombie dans la sphère latino-américaine : celle d’une démocratie encerclée, agressée et «obligée» de se défendre.

Elle servira de base à une contrerévolution continentale dès que les forces de l’empire Euro-US lui auront construit une solide réputation d’un îlot démocratique dans un océan de dictatures élues et donc légitimées à recevoir aides et armements pour frapper préventivement ses ennemis. Cela ne vous rappelle rien ? Si, Israël, une démocratie entourée et menacée du/par le despotisme arabe.

La Colombie est prête à devenir l’Israël de l’Amérique latine et Ingrid Betancourt son icône et sa justification humaine. Des jours sombres menacent ces Indiens qui osent relever la tête et vouloir récupérer les terres de leurs ancêtres. Regardez et observez au-delà du légitime soulagement de voir des otages arrachés à leurs angoisses et à leurs souffrances, en vous posant la question de savoir qui manipule ces souffrances et ces angoisses.

MOHAMED BOUHAMIDI

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